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Dans le reflet de la vitre trop propre du restaurant où elle a rendez-vous, Moon se regarde. Et un blind-date de plus ! Depuis quelques mois, elle les enchaîne. Ils se ressemblent tous. Alors, le stress d’avant la rencontre, d'habitude excitant, s’est transformé en une sorte de suffisante lassitude. Tout est devenu automatique.
Elle porte la même robe qu’au dernier rencard, le même maquillage, les mêmes chaussures, la même coiffure. Alors, lorsqu’elle s’observe dans ce miroir improvisé, elle a l’amère sensation d’un retour en arrière.
C’est vendredi soir, il fait encore beau, mais Moon ne le sent pas.
Pourtant, quand sa collègue lui a proposé ce rendez-vous, elle était ravie. Un professeur d’université, comme elle, ça change des médecins et avocats. Mais maintenant qu’elle se trouve dans la même tenue que la semaine dernière, au même endroit, elle n’en est pas si sûre.
Elle se recoiffe, pour se donner le courage d’entrer dans l’établissement.
Moon est à l’heure. En avance, même. Depuis quelques semaines, elle a pris l'habitude d’arriver la première à ces rendez-vous arrangés. Elle aime observer, de loin, l'arrivée des hommes qu’elle rencontre. L’entrée dans le champ de ces prétendants est significative. Certains sont maladroits, la nervosité presque touchante ; d’autres prétentieusement à l’aise. Un serveur arrive à sa table.
Vous avez choisi ?
La jeune professeur ouvre la carte, en quête de nouveauté. Mais elle a déjà tout testé.
Juste un café, noir. Et un verre d’eau s’il-vous-plaît.
Elle ne prend pas la peine de préciser qu’elle attend quelqu’un. S’il est en retard, elle aura peut être même le temps de finir son café et d’être débarrassée. Puis, le serveur la connaît. C’est une habituée du lieu, et elle n’y vient jamais pour être seule. L’établissement est assez classieux, parfait pour un premier rendez-vous.
Il n'y a plus qu'à attendre.
Vendredi 7 juillet 2017
- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 28 ans
❖ Chambre/Zone n° : 1
❖ Arrivé(e) en : Fin Janvier 2017
Ce n'était pas le quartier qui le quittait, c'était lui il quittait le quartier. Le restaurant était au centre-ville, loin de l'université. Il ne venait pas chercher asile, il n'y faisait que passer. Ce soir, il voulait juste briller, comme une étoile, il avait toujours du su se débrouiller, la vie n'était qu'une escale. Accablé par le soleil, étranger, il cherchait. N'étant plus camusien depuis ses 21 ans, ce qui était sain, il ne désespérait toutefois pas de trouver. La vie était absurde, il fallait y voir un émerveillement, pas en être blasé, deal with it Albert, t'as plus 16 ans, il est des époques d'une vie où se la jouer Dark Emo Sasuke, c'est prendre du retard sur le surfing de la vibe.
Là, sur le trottoir, un pigeon ne volait pas avec les pigeons, faisant des restes d'un melon pan l'apport calorifique de sa journée, poussant des roucoulements emplis d'une street cred toute aviaire. N'était-ce pas assez émerveillant ? Une révolution agricole et une révolution industrielle juste pour permettre à un dinosaure teubé de manger de la nourriture industrielle sur du bitume. Non vraiment, comment pouvait-on être blasé face à ça ?
D'ailleurs, tout venait à point à qui savait espérer: le restaurant s'était placé en face de lui. Il suffisait généralement de passer le coin de la rue pour trouver ce qu'on cherchait, c'était une vérité générale. Souriant, il passa les yeux sur les vitrines, contemplant l'aquarium à bourgeois coincés qui lui faisait face. A l'intérieur, quelques gros poissons nageaient dans l'hypocrisie, salissant les nappes blanches de leur argent sale, se rassurant la conscience par un sourire poli au serveur, compensant leur indigence intellectuelle par le port de tenues sans âme ni génie. Les billets n'achetaient pas la bonne extravagance.
Au milieu de cet affreux drame à bas bruit, toutefois, une bulle de distinction oxygénait l'atmosphère. C'était donc elle. Des fragrances de sobriété, de cohérence et d'hyper-contrôle, une légère touche d'attitude complexée, camouflée par un maquillage travaillé, un port digne et un caractère affirmé, c'était en soi très séduisant, la personne qui l'avait convié en ce lieu le connaissait peut-être mieux que ce qu'il aurait pu penser. Pour une fois, le rendez-vous s'annonçait plus intéressant qu'attendu. Il aimait beaucoup les gens, mais les fréquenter le fatiguait, surtout lorsque la conversation tournait autour d'évidences florales plutôt disco mais aux lumières lacunaires.
Il poussa la porte d'un geste faussement nonchalant, et, plutôt que de laisser la porte battante se refermer seule, il se retourna, accompagnant le mouvement de sa main droite, tenant la poignée jusqu'à clôture totale. C'était inutile, mais compulsif, et très satisfaisant, fallait-il le reconnaître ? Contenté, il s'avança dans l'établissement du pas léger de l'innocent, le regard curieux du juste au visage. S'approchant de son rencard en prenant soin, en bon obsessionnel, de ne pas marcher entre les tables, en dehors des allées plus ou moins matérialisées, il finit par atteindre la tablée où l'attendait celle dont on ne lui avait même pas précisé le nom. Il s'éclaircit la voix, s'inclina légèrement, puis prononça ses premiers mots:
-Veuillez pardonner avec mansuétude mon intrusion. Un ami m'a confié que j'avais rendez-vous ici avec une dame inspirante et ravissante, et comme vous êtes la seule qui corresponde à cette description dans cette salle, j'ai cru bon de venir proposer ma présence. Puis-je m'asseoir ?
- InvitéInvité
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Le café ne s’est pas fait attendre. En l’espace d’à peine quelques minutes, il a été posé là, devant elle, fumant. Moon glisse ses doigts sur la tasse chaude. Elle ferme les yeux, juste le temps de profiter de la confortable température. L’odeur du café la détend instantanément.
Elle respire, lentement, avant d’ouvrir de nouveau les yeux. Malgré l’habitude, ce type de rencontre la stresse encore. Rentrant souvent bredouille, ces repas sont souvent plus crispants que amusants. C’est l’appréhension d’une mauvaise soirée qui l’agace.
Elle porte la tasse à ses lèvres, boit le liquide chaud en quelques gorgées. Presque cul-sec.
Et elle imagine. A quoi peut ressembler son rencard ? Elle n’a rien voulu savoir, cette fois. Sinon sa profession. Alors, elle ne peut que l’imaginer. Se dessinant le portrait d’une homme-taupe à lunette, timide, renfermé, Moon réprime un sourire. Perdue dans ses pensées, dans ses clichés, la jeune professeur s’imagine la voix de ce professeur imaginaire, un peu crispante, un peu touchante.
Cling cling.
Les carillons fixés à la porte d’entrée réveille instantanément la jeune femme, qui s’empresse de porter son regard sur le jeune homme qui a passé le pas de la porte. Il est petit. Vraiment petit. Et malgré son apparente classe, et son costume bien ajusté, Moon mord sa lèvre. Faites que ce ne soit pas lui. L’homme s’avance vers elle. Le coeur de Moon se serre. Elle aurait dû demander une photographie. Il s’approche. N’est plus qu’à quelques mètres. Puis la dépasse.
Un soupir de soulagement. La jeune professeur vérifie sa montre : l’heure du rendez-vous approche. Elle tente de faire signe à un serveur, pour être débarrassée de la tasse vide, sans réussite.
Cling cling.
Conditionnée au son de la cloche, Moon se redresse et tourne la tête vers la porte. Un autre homme. Plus grand. L’air plus strict aussi. Cette fois, Moon represse un sourire. Le menton haut, l’air fier, l’homme se déplace dans l’espace avec une impressionnante précision. Moon pense déjà avoir compris à quel type de gars elle va s’adresser ce soir : trop sérieux, qui calcule tout, et ne laisse rien à la chance. Intéressant. Même charmant.
Mais Moon ne veut rien laisser paraître. Alors, les bras croisés, le regard droit, elle suit la trajectoire de son rendez-vous sans baisser le regard. D’une certaine manière, elle espère l’intimider, lui faire tourner les yeux le premier. Elle ne peut finalement pas réprimer un léger sourire quand il s’adresse à elle. Que de formalités ! Est-ce qu’il parle comme ça tous les jours, ou a-t-il révisé son accroche avant de venir ?
N’en faites pas trop.
Dans un geste de tête, elle désigne la chaise qui lui fait face.
Je vous en prie.
Moon ne baisse toujours pas le regard. Elle détaille les yeux de son collègue. Elle attend qu’il se soit installé pour s’excuser. D’un geste de main désolé, elle désigne sa tasse.
J’ai pris un peu d’avance, j’espère que ça ne vous dérange pas.
S’il lui semble important de se justifier, Moon ne prend pas la peine de s’excuser pour son impatience. Et alors que le serveur passe à côté de leur table, la jeune femme s’empresse de l’appeler.
La même chose pour moi, s’il-vous-plaît. Et pour vous ?
Elle se tourne vers Yukio. Elle sait qu’elle le prend un peu de court, le pauvre homme vient à peine de s’installer. Mais elle veut vérifier s’il est aussi droit et assuré qu’il semble l’être. Moon, un peu sadique, est à l'affût de chaque maladresse.
Elle respire, lentement, avant d’ouvrir de nouveau les yeux. Malgré l’habitude, ce type de rencontre la stresse encore. Rentrant souvent bredouille, ces repas sont souvent plus crispants que amusants. C’est l’appréhension d’une mauvaise soirée qui l’agace.
Elle porte la tasse à ses lèvres, boit le liquide chaud en quelques gorgées. Presque cul-sec.
Et elle imagine. A quoi peut ressembler son rencard ? Elle n’a rien voulu savoir, cette fois. Sinon sa profession. Alors, elle ne peut que l’imaginer. Se dessinant le portrait d’une homme-taupe à lunette, timide, renfermé, Moon réprime un sourire. Perdue dans ses pensées, dans ses clichés, la jeune professeur s’imagine la voix de ce professeur imaginaire, un peu crispante, un peu touchante.
Cling cling.
Les carillons fixés à la porte d’entrée réveille instantanément la jeune femme, qui s’empresse de porter son regard sur le jeune homme qui a passé le pas de la porte. Il est petit. Vraiment petit. Et malgré son apparente classe, et son costume bien ajusté, Moon mord sa lèvre. Faites que ce ne soit pas lui. L’homme s’avance vers elle. Le coeur de Moon se serre. Elle aurait dû demander une photographie. Il s’approche. N’est plus qu’à quelques mètres. Puis la dépasse.
Un soupir de soulagement. La jeune professeur vérifie sa montre : l’heure du rendez-vous approche. Elle tente de faire signe à un serveur, pour être débarrassée de la tasse vide, sans réussite.
Cling cling.
Conditionnée au son de la cloche, Moon se redresse et tourne la tête vers la porte. Un autre homme. Plus grand. L’air plus strict aussi. Cette fois, Moon represse un sourire. Le menton haut, l’air fier, l’homme se déplace dans l’espace avec une impressionnante précision. Moon pense déjà avoir compris à quel type de gars elle va s’adresser ce soir : trop sérieux, qui calcule tout, et ne laisse rien à la chance. Intéressant. Même charmant.
Mais Moon ne veut rien laisser paraître. Alors, les bras croisés, le regard droit, elle suit la trajectoire de son rendez-vous sans baisser le regard. D’une certaine manière, elle espère l’intimider, lui faire tourner les yeux le premier. Elle ne peut finalement pas réprimer un léger sourire quand il s’adresse à elle. Que de formalités ! Est-ce qu’il parle comme ça tous les jours, ou a-t-il révisé son accroche avant de venir ?
N’en faites pas trop.
Dans un geste de tête, elle désigne la chaise qui lui fait face.
Je vous en prie.
Moon ne baisse toujours pas le regard. Elle détaille les yeux de son collègue. Elle attend qu’il se soit installé pour s’excuser. D’un geste de main désolé, elle désigne sa tasse.
J’ai pris un peu d’avance, j’espère que ça ne vous dérange pas.
S’il lui semble important de se justifier, Moon ne prend pas la peine de s’excuser pour son impatience. Et alors que le serveur passe à côté de leur table, la jeune femme s’empresse de l’appeler.
La même chose pour moi, s’il-vous-plaît. Et pour vous ?
Elle se tourne vers Yukio. Elle sait qu’elle le prend un peu de court, le pauvre homme vient à peine de s’installer. Mais elle veut vérifier s’il est aussi droit et assuré qu’il semble l’être. Moon, un peu sadique, est à l'affût de chaque maladresse.
Vendredi 7 juillet 2017
- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 28 ans
❖ Chambre/Zone n° : 1
❖ Arrivé(e) en : Fin Janvier 2017
Dès que son séant fut posé sur une chaise bien trop design pour être confortable, Yukio jeta un regard discret à la tasse de son rendez-vous de la journée. Des traces de café, sans excès de mousse... Vu le genre de la dame, elle devait le boire noir, sans sucre, juste histoire de se rappeler à chaque gorgée que l'amertume de la vie se manifestait en toute chose. On ne pouvait pas lui en vouloir, c'était quelque chose de tout à fait sain tant que ça ne virait pas à l'auto-flagellation permanente. Il aimait lui-même s'imposer la fréquentation de l'aspect désagréable du monde, juste histoire d'être sûr qu'il n'était pas piégé dans sa bulle, et que sa vision du monde ne souffrait pas d'incohérences potentielles, nées d'un regard partiel et partial sur la réalité. Les gens cohérents buvaient leur café noir et sans sucre. Les psychopathes aussi, il l'avait lu dans les journaux. Les deux catégories n'étaient pas mutuellement exclusives.
Sa voix était affable mais ferme, un son métallique, articulé, avec quelques échos de velours, c'était assez agréable, presque reposant. Un passé d'actrice de théâtre très certainement. Elle n'avait pourtant pas l'air d'une artiste intermittente du spectacle. Bien trop richement vêtue, pas assez de cernes laissés sur le marathon annuel des 507 heures, et trop peu de nuits sans sommeil face à l'inquiétude du prochain contrat. Cela réduisait les possibilités. La plus évidente: l'enseignement. Après tout, dans un certain nombre de spécialités, c'était le seul moyen de gagner correctement sa vie sans craindre les surprises du lendemain. Il en savait quelque chose, il était professeur d'histoire.
Il l'écouta attentivement tandis qu'elle entamait la conversation, et sentit un invisible sourire grivois se former dans son esprit alors qu'elle expliquait avoir pris de l'avance. D'humeur potache, il avait envie de lui dire que depuis la fin de son adolescence, étant hormonalement stabilisé, il n'avait plus besoin de laisser la gente féminine prendre de l'avance. Par chance pour ses partenaires les plus récentes, d'autres avaient essuyé les plâtres de sa précocité estudiantine, intellectuelle comme physique.
Elle n'attendit cependant aucune réponse de sa part, et enchaina directement sur la commande d'un second café. Court, efficace, impactant, flexible, presque agile. Une âme de start-upeuse sous des airs stricts, c'était à la fois novateur et disruptif, très dans l'air du temps, surtout en 2017. Double café, elle n'avait pas froid au cœur, ce qui n'était pas son cas à lui, il faisait de la tachycardie après le deuxième arabica, les palpitations lui faisant cesser toute activité, très sûrement son caractère réfractaire au changement.
Etait-ce un test ? Elle attendait avec une certaine conviction qu'il énonce à son tour ce dont il avait envie, espérant sûrement qu'il parte sur quelque chose de foncièrement révélateur. En un sens, son regard était presque plus insistant que celui du serveur, et il n'aimait pas vraiment cette impression que toute l'assistance était suspendue à ses lèvres.
Elle ne le connaissait pas, il avait une réponse toute faite pour ce genre de situations piégeuses:
-Un café, frappé, sans lait ni sucre, je vous prie.
Froid, c'était encore plus amer: le bras de fer était lancé. Elle voulait jouer les mères Thatcher, il allait faire le mineur de charbon britannique. Elle buvait selon toute évidence son café brûlant, il allait boire le sien glacé. A song of ice and fire, en quelques sortes, en moins décevant sur la fin, du moins l'espérait-il.
- InvitéInvité
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Moon soulève d’un micromètre son sourcil droit.
Le genre d’expression quasi invisible qui échappe au commun des mortels et qui ne peut être perçu que par d’inquiétants observateurs. “Un café, frappé, sans lait ni sucre”. Ces mots sonnent comme une formule magique apprise par cœur, comme celles que l’on se murmure le soir pour passer une bonne nuit.
Elle est déroutée par cette formule. Moon aimerait pouvoir saisir le personnage, mais elle est étonnamment troublée. Le brun est-il véritablement sûr de son choix, ou essaye-t-il de jouer au coq ?
Ou peut-être qu’elle pense trop.
Bien sûr qu’elle réfléchit trop. Parce qu’elle est trop habituée à ce genre de situations, elle préfère que ce soit court et efficace. Moon voudrait tomber sur la perle rare, s’en rendre compte dès les premières secondes. Ce n’est pas le coup de foudre qu’elle recherche. Ça fait bien longtemps qu’elle a abandonné le fantasme du prince charmant à longue crinière. Elle aimerait juste que ça match.
Alors, il faut ouvrir les hostilités. Poser les questions habituelles : travail, salaire, nombre d’enfants souhaités, marque de la voiture, pourquoi pas taille de l’habitation.
Vous êtes professeur ? Notre amie commune ne m’a pas précisé ce que vous enseignez.
“Amie commune” est un grand mot. “Collègue vaguement supportable qui passe son temps à s’imaginer être Cupidon" serait plus juste. Moon est curieuse et pourtant, elle ne connaît pas la spécialité de Yukio. A vrai dire, elle n’a pas voulu se renseigner : il est préférable de garder quelques surprises. C’est le mystère qui rend désirable.
Le genre d’expression quasi invisible qui échappe au commun des mortels et qui ne peut être perçu que par d’inquiétants observateurs. “Un café, frappé, sans lait ni sucre”. Ces mots sonnent comme une formule magique apprise par cœur, comme celles que l’on se murmure le soir pour passer une bonne nuit.
Elle est déroutée par cette formule. Moon aimerait pouvoir saisir le personnage, mais elle est étonnamment troublée. Le brun est-il véritablement sûr de son choix, ou essaye-t-il de jouer au coq ?
Ou peut-être qu’elle pense trop.
Bien sûr qu’elle réfléchit trop. Parce qu’elle est trop habituée à ce genre de situations, elle préfère que ce soit court et efficace. Moon voudrait tomber sur la perle rare, s’en rendre compte dès les premières secondes. Ce n’est pas le coup de foudre qu’elle recherche. Ça fait bien longtemps qu’elle a abandonné le fantasme du prince charmant à longue crinière. Elle aimerait juste que ça match.
Alors, il faut ouvrir les hostilités. Poser les questions habituelles : travail, salaire, nombre d’enfants souhaités, marque de la voiture, pourquoi pas taille de l’habitation.
Vous êtes professeur ? Notre amie commune ne m’a pas précisé ce que vous enseignez.
“Amie commune” est un grand mot. “Collègue vaguement supportable qui passe son temps à s’imaginer être Cupidon" serait plus juste. Moon est curieuse et pourtant, elle ne connaît pas la spécialité de Yukio. A vrai dire, elle n’a pas voulu se renseigner : il est préférable de garder quelques surprises. C’est le mystère qui rend désirable.
Vendredi 7 juillet 2017
- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
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❖ Âge : 28 ans
❖ Chambre/Zone n° : 1
❖ Arrivé(e) en : Fin Janvier 2017
Yukio n'avait rien d'un prince charmant. Pour commencer, il n'avait pas de cheval blanc, non pas qu'il ne trouvait pas quelque grâce dans la course d'un équidé majestueux. Après tout, le cheval, c'était trop génial, mais parmi une liste d'allergies longue comme une directive européenne, le crin de cheval avait su trouver sa place. Yukio n'était donc jamais à cheval que sur les principes. Difficile de chevaucher jusqu'au château de la Belle au Bois dormant quand Samson vous file de l'asthme. On avait jamais vu de Ventoline dans un conte de fées, et c'était bien la preuve que c'était quand même un beau ramassis de fadaises attrape-nigaudes. Cendrillon, pour ses vingt ans, est la plus jolie des enfants, la suite, vous connaissez. Le professeur d'histoire ne s'était lui-même jamais considéré comme en capacité d'apporter, par un simple baiser, le bonheur à quelque princesse qui soit. Robespierriste plutôt féministe, il souhaitait de toutes façons la guillotine aux têtes couronnées sans distinction de genre. Les femmes aussi devaient avoir le droit de monter sur l’échafaud. Bien sûr, il savait montrer le visage du gendre idéal, celui de l'amant passionné et celui du romantique éperdu. Dans les miroirs des jeux de dupe, il savait jouer de son reflet. A huit ans, dans une fête foraine, perdu dans le labyrinthe des glaces, il s'était explosé dans une vitre. Ce jour-là, il avait compris ce que voulait dire se prendre les faux semblants du monde en pleine tronche.
Pour autant, avoir conscience du ridicule du mythe de l'amoureux transi et du coup de foudre ne l'immunisait pas contre le fait d'avoir, par moments, des papillons dans le cœur. Crush time, c'était pas le cirque Tinder, on ne pouvait pas avoir l'Uber et l'argent d'Uber. Quelque part, il eut aimer tomber amoureux plus souvent, il lui semblait qu'il s'agissait de la seule chose qu'il savait véritablement faire sans arrière pensée, sans sarcasme et sans cynisme. Cette impression si violente qu'une main griffue vous enserrait le coeur, et s'amusait à le poignarder à chaque regard, à chaque mot, c'était incontrôlable, quand tout le reste ne l'était que trop. Il n'était honnête qu'en aimant. Il n'était vrai qu'en étant esclave de ses sentiments. Il n'était franc que plongé dans les tourments d'une affection involontaire. C'était d'une tristesse consommée, et il en avait conscience.
L'espace d'un instant, il s'amusa à penser que Moon en était peut-être rendue au même point, mais il en doutait. Le maquillage, l'air froid, le port altier et le regard hautain, tout cela était un voile finalement assez fin et translucide. Un voile de simple dignité, tout juste drapé des plis de l'amour-propre. Au fond, sa présence n'était pas gênante, on voyait au travers, il était porté comme une chemise, et non comme une armure opaque. Moon ne cachait rien, elle évitait la gêne à ses pairs, c'était infiniment plus admirable que ce qu'il pouvait bien faire. Il ne savait pas faire autre chose que camoufler son profond manque de valeur intrinsèque sous des couches de théâtralité. Il brûlait les planches pour ne pas mourir de froid, et, avec les années, il ne savait plus vraiment comment faire autrement.
Il plongea son regard dans celui de sa collègue. Elle méritait certainement mieux que ses tartufferies habituelles. De temps en temps, il fallait poser les masques. Tant pis si ce qu'il y avait dessous ne convenait pas à la dame. Il était bon, parfois, de se montrer vulnérable.
Sans réfléchir, il eut un sourire sincère, puis répondit d'une voix sympathique:
-J'enseigne l'histoire et la géographie, mais ça n'est pas très intéressant. Compte tenu de nos tenues respectives, nous appartenons au même univers professionnel et nous avons vraisemblablement le même salaire, abstraction faite des 3,4 % que je gagnerai toujours en plus à poste équivalent. Je ne veux des enfants qu'à la condition expresse de pouvoir leur apprendre que la vie n'a d'autre sens que celui qu'on choisit de lui donner. Un seul pour le nombre, c'est suffisamment compliqué comme ça, et j'estime en faire assez en acceptant d'hypothéquer mon sommeil déjà léger pendant plusieurs années. Je fume, c'est uniquement pour me donner un genre et par pulsion autodestructrice, je ne veux pas passer à côté de mon cancer, il y a des choses importantes dans la vie. Je suis ordonné, mais je laisse trainer des marque-pages partout, parce que je commence les livres sans jamais les finir. Mon père est déjà mort, bon point, pas de beau-père potentiel, c'est une chance, c'était une vraie plaie, et je dis ça avec tout le respect que je dois à mes ancêtres. Ma saison préférée est le printemps, c'est d'une naïveté qui me fait honte, et j'ai une sœur bien plus exceptionnelle que moi-même, mais je suis incapable de lui dire, car de manière irrationnelle, je trouve ridicule les étalages d'affection. Je pense avoir brossé un tableau représentatif. Si je ne vous ai pas effrayé, je serais heureux que vous me parliez de vous, je vous trouve sincèrement intrigante, et ce n'est pas un compliment que j'adresse à n'importe qui.
- InvitéInvité
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Le serveur dépose sur la table les cafés, ponctuant la longue tirade de Yukio.
Et c’est le silence qui s'installe entre les deux professeurs. Un silence un peu gêné, certainement dû à la présence impromptue d’une tierce personne.
Merci.
Le regard plongé dans celui du garçon de table, Moon semble insister pour se retrouver seule avec Yukio. Pourtant, la trentenaire est décontenancée. Elle porte son café à ses lèvres. Le liquide amer s’écrase sur son palais. Ce rendez-vous n’a rien à voir avec les précédents. Et de la verbe du professeur d’histoire-géographie, elle ne sait pas trop quoi penser.
D’une part, elle est mise à pied par autant d’informations. Certes, Moon allait en venir au pedigree de son rencard, mais maintenant s’entremêlent dans sa tête tout un tas d’informations parasites. Hypothèque. Cancer. Mort. C’est comme une avalanche de mauvaises nouvelles qui la frappe.
D’autre part, elle est impressionnée. Par l’allure avec laquelle les mots s’échappent de ses lèvres, mais aussi par leur grande sincérité. Elle ne pensait pas Yukio capable d’autant de sentimentalisme. Elle l’imaginait froid. Beaucoup plus froid. Moon a toujours eu un faible pour les garçons qui pleurent. Certainement parce qu’elle ne se l’autorise pas. Et même si Yukio n’a pas laissé échapper de larmes, ses mots sonnent comme tel.
Je n’en demandais pas tant.
Un léger sourire. Moon se laisse piquer par la curiosité.
Mais je ne suis pas effrayée. Permettez-moi d'être plus brève.
Une gorgée de café pour s’hydrater.
J'enseigne le cinéma. J’aime à penser que c’est intéressant. Après tout, je passe la plupart de mes journées à le faire. Ne me demandez pas pourquoi, je suis bien incapable de l’expliquer. Disons que je me suis laissée porter par les événements.
Moon aimerait être plus spontanée, et à son tour crier que son rêve à elle, c’était la scène, et qu’elle s’était imaginée être Ariane, Thérèse, Ismène, Bérénice ! Mais qu’après tout, n’être rien d’autre que Moon, c’est bien aussi. Et qu’avec les années, on s’y fait.
Je doute que mon salaire ou mon arbre généalogique vous intéressent. Je ne fume pas, je n’ai jamais fumé, et je trouve l’odeur trop désagréable sur mes vêtements. Mais je pourrais la supporter sur vous. Je termine toujours les livres que je lis, sinon j’oublie où j’en suis. Mes parents ne vivent pas dans ce pays, et je ne leur rends jamais visite. Je dis que j’en ai pas le temps, je n’ai surtout pas envie de rentrer en Corée. Et..
Moon ferme les paupières, fouille dans ses pensées. Comme frappée par un éclair, elle ouvre soudainement ses yeux :
Ah ! Moi aussi, j’aime le printemps.
Et c’est le silence qui s'installe entre les deux professeurs. Un silence un peu gêné, certainement dû à la présence impromptue d’une tierce personne.
Merci.
Le regard plongé dans celui du garçon de table, Moon semble insister pour se retrouver seule avec Yukio. Pourtant, la trentenaire est décontenancée. Elle porte son café à ses lèvres. Le liquide amer s’écrase sur son palais. Ce rendez-vous n’a rien à voir avec les précédents. Et de la verbe du professeur d’histoire-géographie, elle ne sait pas trop quoi penser.
D’une part, elle est mise à pied par autant d’informations. Certes, Moon allait en venir au pedigree de son rencard, mais maintenant s’entremêlent dans sa tête tout un tas d’informations parasites. Hypothèque. Cancer. Mort. C’est comme une avalanche de mauvaises nouvelles qui la frappe.
D’autre part, elle est impressionnée. Par l’allure avec laquelle les mots s’échappent de ses lèvres, mais aussi par leur grande sincérité. Elle ne pensait pas Yukio capable d’autant de sentimentalisme. Elle l’imaginait froid. Beaucoup plus froid. Moon a toujours eu un faible pour les garçons qui pleurent. Certainement parce qu’elle ne se l’autorise pas. Et même si Yukio n’a pas laissé échapper de larmes, ses mots sonnent comme tel.
Je n’en demandais pas tant.
Un léger sourire. Moon se laisse piquer par la curiosité.
Mais je ne suis pas effrayée. Permettez-moi d'être plus brève.
Une gorgée de café pour s’hydrater.
J'enseigne le cinéma. J’aime à penser que c’est intéressant. Après tout, je passe la plupart de mes journées à le faire. Ne me demandez pas pourquoi, je suis bien incapable de l’expliquer. Disons que je me suis laissée porter par les événements.
Moon aimerait être plus spontanée, et à son tour crier que son rêve à elle, c’était la scène, et qu’elle s’était imaginée être Ariane, Thérèse, Ismène, Bérénice ! Mais qu’après tout, n’être rien d’autre que Moon, c’est bien aussi. Et qu’avec les années, on s’y fait.
Je doute que mon salaire ou mon arbre généalogique vous intéressent. Je ne fume pas, je n’ai jamais fumé, et je trouve l’odeur trop désagréable sur mes vêtements. Mais je pourrais la supporter sur vous. Je termine toujours les livres que je lis, sinon j’oublie où j’en suis. Mes parents ne vivent pas dans ce pays, et je ne leur rends jamais visite. Je dis que j’en ai pas le temps, je n’ai surtout pas envie de rentrer en Corée. Et..
Moon ferme les paupières, fouille dans ses pensées. Comme frappée par un éclair, elle ouvre soudainement ses yeux :
Ah ! Moi aussi, j’aime le printemps.
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❖ Chambre/Zone n° : 1
❖ Arrivé(e) en : Fin Janvier 2017
C'est pourtant si beau le printemps. Cette saison ou tout renaît, où sortant du sol la vie surgissante écrase l'apathie, renvoyant le froid de l'hiver à l'oubli. Ce sentiment de plénitude quand le vent porte à vos joues affleurantes les pétales des cerisiers aux troncs couverts de mousse. Cette envie irrépressible, à l'approche de la caresse des bourgeons plein d'avenir, de fermer les yeux, d'écouter la brise jouer de la flûte dans les branches encore humides, de sentir l'humus en dégel porter les odeurs de la terre fertile, berceau de ce qui sera bientôt l'existence dans ce qu'elle a de plus pur. Le printemps est une promesse, le serment des sarments, l'annonce des moments d'insouciance qui restent encore à vivre. Qu'est-il de plus beau que le bonheur, sinon la certitude que ce dernier peut advenir ? Qu'est-il de plus de joyeux que l'espoir pleuré par la nature elle-même ?
Moon aimait le printemps, et cela faisait sourire son vis-à-vis, ils n'avaient tous deux pas complètement laissé sur le bord de la route les illusions de leur enfance. Il fallait avoir l'esprit musclé pour porter ses envies de poésie jusqu'à un âge honorable, et la professeure de cinéma avait l'air plutôt sportive.
Yukio était heureux de pouvoir échanger sur des fondements trempés par la sincérité. Il y avait quelque chose de rafraichissant à ne rien camoufler, une sérénité libératrice dans le fait de s'étaler sans arrière-pensée, et une joie non-feinte dans la constatation que la spontanéité recevait pour réponse la simplicité propre aux paroles authentiques. Kawaguchi-san avait aux yeux du professeur d'histoire un charme infus et diffus. Elle riait sans s'esclaffer, juste par un sourire étonné, et ses gestes contrôlés ne faisaient que souligner la malice de ses yeux, l'espièglerie de sa voix, l'altruisme de ses pensées.
Il l'estimait déjà, ce qui ne serait pas réciproque bien longtemps, il avait un talent particulier pour décevoir les espoirs placés en lui. Qu'importe, profiter du moment était déjà une victoire sur l'adversité, et c'était encore mieux s'il pouvait, ne serait-ce que pour quelques jours, laisser à quelqu'un le souvenir d'une rencontre agréable.
Le regard facétieux, il reprit la conversation sans se plonger le moins du monde dans son café frappé:
- La façon dont vous alignez vos idées, elle me plait. On dirait que vous pesez chaque pensée sur une petite balance de cuisine, avant de jouer au scrabble avec ce que vous avez décidé de conserver. C'est à la fois très élégant et un peu maladroit.
Il compléta avec empressement:
- Je ne dis pas cela pour vous embarrasser, dites-moi si ça vous gêne. Je peux être un peu gauche dans ma façon de faire des compliments.
Il voulait en savoir un peu plus, chariboter avec bienveillance pour qu'elle se livre. Sur ton très subtilement moqueur, il déroula :
- Si je résume et présume: vous êtes en Corée, écolière sérieuse et appliquée, faisant tomber d'amour les ambitions immatures des gamins du collège. A chaque visite des salles obscures, le métrage projeté vous intéresse sensiblement plus que le prétendant juvénile qui vous a invité, les éconduits du lycée commencent à se dire que vous avez vraiment un cœur de pierre, vous fermez les yeux pour oublier à quel point les hommes peuvent être bêtes, et là, quand vous les rouvrez, vous êtes au Japon, dans une salle de classe, sans aucune idée de comment vous êtes arrivée dans le coin. J'ai bon ?
- InvitéInvité
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Drôle d’adjectif que “maladroit”, pour complimenter Moon. La trentenaire, droite, parfois même un peu rigide, est étonnée par ce qualificatif. Elle qui se pensait claire et ordonnée, se remet en question. Pourtant, elle sait qu'il s'agit d'un compliment, aussi curieux soit-il. Alors, pour cacher sa gêne, Moon prend une nouvelle gorgée de café. La tasse est déjà à moitié vide.
L'embarras est contagieux.
Il y a quelque chose de touchant dans l’excuse de Yukio. Le personnage oscille entre apparente confiance en lui, et écrasante maladresse. Comme un petit animal agressif, il mord, puis lèche sa proie. Et alors que Moon se laissait prendre par la douceur et la gaucherie de son excuse, il mord de nouveau.
Vous fantasmez.
Pas l’ombre d’un prétendant au bras de l’adolescente. Son air de femme fatale, travaillé, ne la suit que depuis quelques années. Esseulée, dans son lycée de jeunes stars à en devenir, le visage abîmé de Moon faisait office d’exception. Belle de loin, loin d’être belle, elle a laissé les regards moqueurs des garçons saper sa confiance. Si aujourd’hui elle porte sa tête haute, c’est certainement grâce aux couches de maquillage, qui cachent ses plus grandes peurs. Moon fait un pas en arrière. Et dire qu’elle le trouvait charmant.
Vous, japonais de tradition. Famille pas tout à fait tendre, vous l’avez dit. Vous avez toujours tout fait comme il fallait, pour plaire à papa. Les bonnes études, les bonnes relations. Vous n’avez pas vraiment d’ami. Et vous voilà à trente ans, froid et seul, à partager ma table sans vraiment savoir pourquoi. J’ai bon ?
Piquante. Moon ne sait pas vraiment pourquoi elle réagit si violemment. Après tout, s’il a touché une corde sensible, c’est simplement par maladresse.
L'embarras est contagieux.
Il y a quelque chose de touchant dans l’excuse de Yukio. Le personnage oscille entre apparente confiance en lui, et écrasante maladresse. Comme un petit animal agressif, il mord, puis lèche sa proie. Et alors que Moon se laissait prendre par la douceur et la gaucherie de son excuse, il mord de nouveau.
Vous fantasmez.
Pas l’ombre d’un prétendant au bras de l’adolescente. Son air de femme fatale, travaillé, ne la suit que depuis quelques années. Esseulée, dans son lycée de jeunes stars à en devenir, le visage abîmé de Moon faisait office d’exception. Belle de loin, loin d’être belle, elle a laissé les regards moqueurs des garçons saper sa confiance. Si aujourd’hui elle porte sa tête haute, c’est certainement grâce aux couches de maquillage, qui cachent ses plus grandes peurs. Moon fait un pas en arrière. Et dire qu’elle le trouvait charmant.
Vous, japonais de tradition. Famille pas tout à fait tendre, vous l’avez dit. Vous avez toujours tout fait comme il fallait, pour plaire à papa. Les bonnes études, les bonnes relations. Vous n’avez pas vraiment d’ami. Et vous voilà à trente ans, froid et seul, à partager ma table sans vraiment savoir pourquoi. J’ai bon ?
Piquante. Moon ne sait pas vraiment pourquoi elle réagit si violemment. Après tout, s’il a touché une corde sensible, c’est simplement par maladresse.
Vendredi 7 juillet 2017
- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 28 ans
❖ Chambre/Zone n° : 1
❖ Arrivé(e) en : Fin Janvier 2017
Yukio retint un soupir, son impéritie légendaire en matière de relations sociales avait de nouveau frappé. Il finissait toujours par commettre un faux pas, c'en était presque lassant. Des années d'étude, des voyages, quelques aventures, des déclinaisons apprises par cœur, un doctorat en poche, et toujours aussi malhabile pour nouer des relations. Il se sentait presque maudit, il essayait pourtant. C'était toujours quand il avait l'impression d'avoir compris le fonctionnement du monde qu'il se prenait dans la face la tarte de la déconvenue. La vie lui tendait des embuscades, attendant qu'il soit lancé à pleine vitesse sur le rail de ses certitudes pour le doucher avec les larmes de ses espoirs déçus. La leçon reçue des déboires répétés était invariablement la même: dans le doute, vaut mieux la fermer.
Schopenhauer disait que les occasions de se taire et de parler se présentent en volume égal, mais que nous choisissons irrationnellement la fugace satisfaction que procurent les dernières au profit durable tiré des premières. Pas con le vieux. Ceci étant, à un moment, pour boire au fleuve Amour, fallait quand même bien ouvrir la bouche.
Le professeur d'histoire bégaya très légèrement, avec la voix d'un enfant inquiet de n'avoir pas trouvé la réponse à une question posée par le Père Noël:
-Je... Je suppose que ça veut dire que j'ai pas bon ?
Yukio ne savait pas exactement quel souvenir douloureux il avait bien pu bousculer, mais l'action de rétorsion qui s'en suivait lui tartinait allègrement le caisson. Heureusement, avec les années, il avait appris à ne pas prendre trop ombrage de la simple énonciation de la vérité, et Moon savait se montrer assez perspicace, avec quelques limites cependant. Elle voyait son passé un peu plus lisse qu'il ne l'était vraiment. C'était bon signe, il pouvait encore la surprendre, sortir de l'ornière par quelques ébaubissements dont il savait parfois se montrer familier. Pousse-toi que je t’époustoufle, plus Gryffondor que Poufsouffle, plus condottiere que pantoufle.
Saisissant au vol quelques secondes pour réfléchir à sa réponse, l'enseignant daigna enfin piocher dans son café, tirant sur la paille qui en émergeait avec un léger bruit subtilement agaçant. Puis, sans coup férir, il se lança avec un grand sourire plein d'aménité:
- Vous êtes encore plus belle quand vous vous énervez. Je vous présente mes excuses si j'ai dit quelque chose d'inapproprié, ce n'était pas mon intention. C'est assez amusant d'entendre ce que vous projetez sur moi. Je crains que vous soyez bien trop généreuse. Je n'ai jamais fait les choses comme il fallait, et je n'ai jamais plu à mon père, malgré mes efforts. Jamais été assez fasciste pour lui je crois, a posteriori. J'ai bien quelques amis, ils sont lointains, dans le temps comme dans l'espace. Je suis froid et seul. Pour ce qui est du froid, c'est surtout au niveau des pieds. J'ai beau me les coller dans trois paires de chaussettes en laine d'Ecosse, impossible de les réchauffer.
Il recentra un peu son regard avant de conclure d'une voix plus sérieuse:
- En revanche, je sais très bien pourquoi je suis à votre table. Je suis à votre table parce que vous êtes une personne de qualité, et qu'honnêtement, je n'ai pas besoin de grand chose de plus pour être motivé à l'idée de prendre un café avec quelqu'un.
- InvitéInvité
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Elle soupire doucement, avant de poser une main désolée sur son front. Qu’elle mouche l’a piquée ? Les excuses du prétendant semblent sincères et Moon s’en veut quasi-immédiatement d’avoir réagit au quart de tour. Elle voudrait dire que ça ne lui ressemble pas, qu’elle pèse tous ses mots avant de les dire, mais ce n’est pas tout à fait vrai. Il y a des moments comme celui-ci où les phrases lui échappent totalement. Elle voudrait pouvoir s’en dédouaner, mais elle doit bien les affronter. En s’énervant, elle a non seulement été dure avec Yukio, presque insultante, mais s’est aussi un peu trop livrée.
Il est touchant, Yukio. D’abord, parce qu’il ne s’énerve pas, lui. Il semble surtout désolé pour la réaction de Moon. Comme s’il en était fautif. Elle ne le blâme finalement pas le moins du monde. Il voulait se montrer sympathique.
En fait, il est sympathique.
Si elle fait mine de les ignorer, Moon est touchée par les compliments du professeur d’histoire. Avec une impressionnante sincérité, il l’a qualifiée de belle, d’élégante, et a fantasmé une adolescence sympathique. Il a une trop grande estime pour la trentenaire. “Une personne de qualité”. Ces quelques mots ont le don d’achever la culpabilité de Moon.
C’est moi. Je suis terriblement désolée, veuillez accepter mes excuses. C’est un peu ridicule, à mon âge, d’être touchée par des histoires d’adolescentes. Disons que j’aurai bien aimé vivre ce que vous avez décrit. J’étais juste pas exactement le type de fille sur laquelle on se retourne.
Moon se mord la lèvre inférieure. Elle a complètement abandonné son masque et se prête même au jeu de la confidence.
Il est touchant, Yukio. D’abord, parce qu’il ne s’énerve pas, lui. Il semble surtout désolé pour la réaction de Moon. Comme s’il en était fautif. Elle ne le blâme finalement pas le moins du monde. Il voulait se montrer sympathique.
En fait, il est sympathique.
Si elle fait mine de les ignorer, Moon est touchée par les compliments du professeur d’histoire. Avec une impressionnante sincérité, il l’a qualifiée de belle, d’élégante, et a fantasmé une adolescence sympathique. Il a une trop grande estime pour la trentenaire. “Une personne de qualité”. Ces quelques mots ont le don d’achever la culpabilité de Moon.
C’est moi. Je suis terriblement désolée, veuillez accepter mes excuses. C’est un peu ridicule, à mon âge, d’être touchée par des histoires d’adolescentes. Disons que j’aurai bien aimé vivre ce que vous avez décrit. J’étais juste pas exactement le type de fille sur laquelle on se retourne.
Moon se mord la lèvre inférieure. Elle a complètement abandonné son masque et se prête même au jeu de la confidence.
Vendredi 7 juillet 2017
- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 28 ans
❖ Chambre/Zone n° : 1
❖ Arrivé(e) en : Fin Janvier 2017
Yukio sentait dans les contritions de sa collègue le poids d'un passé douloureux. Il aurait dû prévoir cette éventualité, après tout, il n'avait pas toujours été du bon côté de la brimade, et ces derniers mois lui avaient montré à quel point les brûlures de l'enfance et de l'adolescence peuvent rester, malgré les années, aussi vives que précises. Il était des dénominateurs communs à bien des sociétés distinctes, la violence des gamins les uns envers les autres en était une. Cette violence-là marquait à vie, comme au fer rouge. On la gardait, enfouie sans qu'elle ne soit éteinte, remuante, tambourinant depuis l'intérieur de la tombe, décollant les clous plantés à efforts constants sur le cercueil de l'oubli, déterrée à échéance régulière malgré la meilleure des volontés. Avec les années, l'on découvrait que le monde des adultes savait lui aussi s'appuyer sur une toile tissée de violences injustifiables, mais jamais, jamais les blessures faites par les premières rencontres avec la fureur de la cruauté humaine ne se refermaient. Aussi vrai que personne n'oubliait le visage de son premier amour, personne n'oubliait la voix de son premier harceleur.
Le temps passant, il était alors aisé de se construire dans l'illusion que toute chose se payait un jour, que la destinée sanctionnait les petites frappes terrorisantes devenues grandes. Il n'en était rien. La sérénité, la vraie, ne pouvait pas provenir d'un tel fantasme de justice. La paix, la vraie, provenait, au choix, du pardon ou de l'indifférence, par définition.
Avoir souffert d'un déficit de popularité à l'adolescence n'était en tout cas pas honteux. C'était le lot des gueules cassées, des voix éraillées, des esprits disloqués, et les gens pas cassés étaient ennuyeux. Dans l'ennui d'une vie partagée entre êtres inaltérés, aucune émotion digne d'être vécue ne pouvait naitre. Il fallait briser du cristal pour recoller les morceaux, et le réel prodige était bien de déjouer l'entropie des lois de la thermodynamique humaine. La magie la plus absolue, celle qui rendait la vie supportable, ne pouvait venir que d'un miracle insoluble, d'un mystère irrésolu, de cette féérie qui faisait que parfois, lorsque deux peaux scarifiées s'aimaient dans une étreinte, le temps de quelques années, les cicatrices tendaient à disparaître.
Le professeur d'histoire aurait aimé effacer les cicatrices de Moon, mais il n'était pas certain d'en avoir le pouvoir. S'il pouvait, l'espace d'une soirée, rendre leur présence moins éprouvante, il pourrait déjà avoir de quoi être heureux, et pour cela, une simple discussion, agréable et surprenante, pouvait être suffisante. Calme, conciliant, prévenant, il rassura la professeure de cinéma:
- Il n'est jamais ridicule d'être touché par son passé, j'en suis convaincu. C'est humain, et ça me rassure que vous soyez humaine. J'apprécie les gens humains. J'accepte vos excuses sans artifices, même si elles n'étaient pas forcément nécessaires. Vous n'étiez peut-être pas le type de fille vers laquelle on se retourne, mais je puis vous assurer que je n'ai que très modérément envie de vous tourner le dos pour ce qui est du moment présent.
Il repiocha doctement dans son café frappé, puis il reprit, toujours calme:
- Puisque nous sommes partis sur les confidences, je vais vous poser une question intime. Vous n'êtes bien évidemment pas obligée de me répondre, mais un vieil ami à moi racontait qu'il n'avait besoin que de la réponse à une seule interrogation pour connaitre une personne, et j'aimerais mettre sa théorie à l'épreuve.
Il s'éclaircit un peu la voix, comme gêné, avant de murmurer, comme pour être sûr de ne pas être entendu des autres occupants de l'établissement:
- Quels sont vos axiomes ?
- InvitéInvité
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Un charmeur. Impossible de savoir si Yukio en a conscience ou non : mais il sait manier les mots à son avantage. Il doit en avoir attiré plus d’une avec ce phrasé. Faussement froid, il profite de toutes les occasions pour glisser des compliments, à peine cachés. Soit Moon est particulièrement intéressante, soit c’est un Don Juan. Ne se trouvant pas si fantastique, elle penche plutôt pour le second choix. Mais après tout, elle ne crache pas sur les louanges, elles sont bonnes pour l’estime de soi. Surtout venant d’un bel homme.
C’est devenu sa pommade, son médicament. Sa manière de gérer avec ses propres démons. Un peu de sport, beaucoup de maquillage, une coquille de vêtements de luxe. Faussement belle - du moins, pas au naturel -, le regard des hommes a changé. Lorsqu’ils longent des yeux sa nuque, qu’ils descendent le long des épaules, pour s’échouer à la limite du sacrum, elle se sent caressée d’une certaine fierté.
Tant que c’est fait avec subtilité, Moon ne refuse pas qu’on la mate.
Je ne laisse pas indifférente.
Pas certaine que ce soit la meilleure des réponses. Si c’est une vérité indéniable, qui pourrait presque résumer sa relation aux hommes, elle sonne terriblement prétentieuse. Et loin d’être intellectuelle. Elle aurait pu préférer son goût des règles, sa mauvaise habitude de devoir tout contrôler - chez elle, comme chez les autres -, la tendresse qu'elle porte pour la jeune génération, mais elle a choisi son apparence.
Comme si elle n’était tournée que sur ça.
Certainement parce qu’elle n’est tournée que sur ça.
Plus si sûre d’elle même, elle glisse une main dans ses cheveux. Sa tasse est vide, et elle ne peut plus masquer sa gêne dans une gorgée amère. Elle aurait dû prendre un long. Ou un café froid. Satanées habitudes. Ca aussi, il faudrait qu’elle s’en débarrasse.
Désolée, ce n’est certainement pas la meilleure des réponses.
Aujourd’hui, elle s’excuse trop.
C’est devenu sa pommade, son médicament. Sa manière de gérer avec ses propres démons. Un peu de sport, beaucoup de maquillage, une coquille de vêtements de luxe. Faussement belle - du moins, pas au naturel -, le regard des hommes a changé. Lorsqu’ils longent des yeux sa nuque, qu’ils descendent le long des épaules, pour s’échouer à la limite du sacrum, elle se sent caressée d’une certaine fierté.
Tant que c’est fait avec subtilité, Moon ne refuse pas qu’on la mate.
Je ne laisse pas indifférente.
Pas certaine que ce soit la meilleure des réponses. Si c’est une vérité indéniable, qui pourrait presque résumer sa relation aux hommes, elle sonne terriblement prétentieuse. Et loin d’être intellectuelle. Elle aurait pu préférer son goût des règles, sa mauvaise habitude de devoir tout contrôler - chez elle, comme chez les autres -, la tendresse qu'elle porte pour la jeune génération, mais elle a choisi son apparence.
Comme si elle n’était tournée que sur ça.
Certainement parce qu’elle n’est tournée que sur ça.
Plus si sûre d’elle même, elle glisse une main dans ses cheveux. Sa tasse est vide, et elle ne peut plus masquer sa gêne dans une gorgée amère. Elle aurait dû prendre un long. Ou un café froid. Satanées habitudes. Ca aussi, il faudrait qu’elle s’en débarrasse.
Désolée, ce n’est certainement pas la meilleure des réponses.
Aujourd’hui, elle s’excuse trop.
Vendredi 7 juillet 2017
- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
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❖ Âge : 28 ans
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❖ Arrivé(e) en : Fin Janvier 2017
Charmeur Yukio ? Jamais. Le son de sa voix était teinté des harmoniques de la vérité la plus pure, et le fond de ses paroles résonnait des échos d'une objectivité aveuglante, presque acerbe. Moon n'avait pas conscience de son propre rayonnement, croyant scolairement qu'elle ne faisait que refléter la lumière du soleil. Il n'en était rien, elle brillait de ses propres lueurs illuminantes, éclairant les alentours, portant un halo d'une profonde splendeur, survolant son environnement telle Aphrodite portée par le char d'Hermès.
Le professeur d'histoire n'osait pas décoller ses yeux de ceux de sa collègue. Elle les avait revolver, et il était ravi d'être touché au cœur, transpercé par la distinction froide, aristocratique et pourtant impertinente de son regard. Elle pensait cacher par du maquillage les imperfections de son visage, elle ne faisait que révéler par le soin de ses attentions la perfection qui guidait ses mains. Elle souhaitait camoufler les peurs issues de son passé, précaution inutile, son sourire habile et courtois pouvait occulter tout le reste, rendant sa peau transparente, révélant l'allure éloquente de ses pensées. Elle eut été consciente de sa propre majesté, elle n'en eût été que plus noble. Elle était belle, et les artifices n'y étaient pour rien, tout comme son apparence, encore eut-il fallu qu'elle le sût. Elle avait raison: elle ne laissait pas indifférente. Qu'à cela ne tienne, lui non plus, à sa manière.
D'une voix plus audacieuse que lors de ses précédentes interventions, il reprit la conversation:
-L'intérêt de cette question est qu'elle n'a pas vraiment de bonnes réponses. Elle en a de très mauvaises au contraire, mais la vôtre n'en fait pas partie. Pour ce qui est du fond, je partage vos convictions, vous sauriez ôter son caractère inerte au marbre le plus hivernal.
Il ajouta:
-En revanche, vous n'êtes pas tout à fait honnête, vous jouez des omissions de vos phrases pour me garder à la surface, c'est très aimable de votre part, mais c'est là une attention surérogatoire, je vous promets de ne pas prendre peur.
Alors qu'il terminait également son café, à l'instar de sa collègue, il voulut la forcer à se révéler, la mettre au défi, et il subodorait qu'elle était, à son image, insupportée par les imperfections de son environnement immédiat. D'un geste subtil, il visa des doigts de sa main droite les couverts de sa partenaire, et décala légèrement l’extrémité de la fourchette, de façon à ce que l'ustensile soit désaxé, perdant la parallèle par rapport au couteau qui l'accompagnait, désaligné par un geste de subtil vandale. Si elle était aussi control freak que lui, elle ne pourrait pas résister à une énergique remise en ordre. Ce faisant, elle en dévoilerait un peu plus.
Il observa attentivement. Elle ne pouvait que savoir que son geste était volontaire, allait-elle résister ?
Repartant d'une voix innocente et guillerette, il proposa sur un ton tout à fait candide:
-Je m'aperçois que vous avez terminé votre tasse. Souhaitez-vous vous enivrer de quelque chose d'un peu plus fort ?
- InvitéInvité
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L’hypothèse de la maladresse est improbable. Moon reste interdite, les yeux rivés sur la fourchette déplacée. Elle se mord la joue. Si ça avait été un accident, elle aurait simplement rangé ses couverts, sans l’once d’une hésitation. Mais le regard de Yukio ne ment pas : il la teste.
Les mains de Moon, rangées sur ses cuisses, s’activent. De bêtes stratégies d’évitement. On se frotte les ongles, on craque les doigts, on agrippe le tissu de sa robe. La manœuvre, discrète, permet à Moon de garder la face pendant quelques minutes.
Elle ne veut pas le satisfaire.
Avec plaisir.
La perspective de l’alcool la contente. Peu importe si le soleil est encore bas dans le ciel, il n’y a pas d’heure pour boire. Pas question de s’enivrer à en perdre la tête, elle ne s’abaissera pas à cette trivialité devant Yukio.
Sa main quitte sa cuisse, alors qu’elle lève son bras pour alpaguer un serveur. Il s’approche, sort un carnet, à l’écoute de leurs désirs.
Un Cosmopolitan s’il vous plaît.
Toujours la même commande, inlassablement. Elle ne voudrait pas se risquer à se brûler par des saveurs trop âpres, ou trop sucrées. L’équilibre du Cosmo lui sied. C’est devenu une habitude.
Alors que Yukio choisit sa boisson, la main de Moon reprend sa place initiale. Sur le trajet, presque inconsciemment, elle range la fourchette. Une fois les couverts alignés, ses épaules s’affaissent et la pression redescend.
A ce petit jeu, elle a perdu.
Les mains de Moon, rangées sur ses cuisses, s’activent. De bêtes stratégies d’évitement. On se frotte les ongles, on craque les doigts, on agrippe le tissu de sa robe. La manœuvre, discrète, permet à Moon de garder la face pendant quelques minutes.
Elle ne veut pas le satisfaire.
Avec plaisir.
La perspective de l’alcool la contente. Peu importe si le soleil est encore bas dans le ciel, il n’y a pas d’heure pour boire. Pas question de s’enivrer à en perdre la tête, elle ne s’abaissera pas à cette trivialité devant Yukio.
Sa main quitte sa cuisse, alors qu’elle lève son bras pour alpaguer un serveur. Il s’approche, sort un carnet, à l’écoute de leurs désirs.
Un Cosmopolitan s’il vous plaît.
Toujours la même commande, inlassablement. Elle ne voudrait pas se risquer à se brûler par des saveurs trop âpres, ou trop sucrées. L’équilibre du Cosmo lui sied. C’est devenu une habitude.
Alors que Yukio choisit sa boisson, la main de Moon reprend sa place initiale. Sur le trajet, presque inconsciemment, elle range la fourchette. Une fois les couverts alignés, ses épaules s’affaissent et la pression redescend.
A ce petit jeu, elle a perdu.
Vendredi 7 juillet 2017
- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
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Il est des choses dans la vie qui sont agaçantes parce qu’elles sont imparfaites, et d’autres que l’imperfection sublime. Cette fourchette tangente était insupportable, mais la manière compulsive et pourtant contrôlée qu’avait eu Moon de lui rendre son caractère parallèle était plutôt adorable.
Il savait ce que c’était. À la manière d’Hercule Poirot, Yukio voyait en surbrillance les choses qui n’allaient pas en ce monde, les changements inadaptés de police et de taille de fonte dans le grand récit de la vie sur Terre. Là, c’était un tableau fixé au mur sans usage d’un niveau à bulle, ou encore, par ici, une affichette exposant à qui voulait le voir la couleur dépareillée de ses punaises. Parfois, il restait en contemplation devant une porte qui avait grincé, ou tiquait légèrement à l’aperçu crispant d’un menu déchet jeté dans la mauvaise poubelle. Avec le temps, il avait amolli sa psycho-rigidité, bien qu’elle ressorte par crises ponctuelles une fois le trop plein débordant de sa carafe en surchauffe. Il constatait toujours sans le vouloir les irrectitudes de son environnement, mais avait compris que lutter était parfois vain, et toujours épuisant. La seconde loi de la thermodynamique était claire : l’entropie serait toujours plus forte que son rigorisme dans l’agencement de ses alentours contextuels. Rudolf Clausius 1, Marie Kondo 0, balle au centre.
Le professeur d’histoire était plutôt content de lui-même, le besoin de contrôle de sa partenaire l’avait paradoxalement conduite à céder devant l’une de ses pulsions, il avait soumis une hypothèse à une expérience en environnement contrôlé et avait obtenu un résultat exploitable. Il souriait comme un sale gosse empli de désinvolture triomphante.
Esclave de sa soif incontrôlée de maîtrise, elle avait bu le poison jusqu’à la lie. Il n’était toutefois pas assez barbare pour lui faire remarquer. Tous deux savaient parfaitement ce qui s’était passé, et c’était amplement suffisant. Tout juste pouvait-il se contenter d’une œillade amusée, manière de souligner qu’il n’était pas aussi candide que ses mots pouvaient le laisser paraître.
Commandant son bourricot moscovite sous forme liquide comme à l’accoutumée, il se décida à attaquer plus franchement la glace.
Tout en fouillant dans l’une des poches intérieures de sa veste, il reprit la parole sur le ton d’une narration toute conteuse :
- Ma professeure de latin était une italienne assez lunatique. Elle m’a certes collé des déclinaisons dans la tête de la même manière qu’on ferme une valise trop pleine en sautant dessus à pieds joints mais, il se trouve qu’elle m’a également formée à la lecture occulte des arcanes.
Il sortit enfin avec quelques difficultés son jeu de tarot de Marseille de la cavité de la doublure interne de son costume, puis mélangea rapidement les cartes, avant de poser la pile face retournée devant Moon.
- Qu’en dites-vous ? Puis-je vous tirer les cartes ?
Il ajouta d’une voix malicieuse associée à son regard le plus facétieux :
- Vous n’avez qu’à couper et laisser la magie agir. Il n’est pas nécessaire d’être à Delphes pour jouer les sœurs Moires.
- InvitéInvité
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Sans boule magique, sans caravane et sans par-dessus violacé, Yukio n’est pas à l’image d’une Irma classique. Moon s’empêche de le dévisager. Elle n’est pas de ceux qui croient en leur bonne étoile. Ce qu’elle réussit, elle a travaillé pour. Ce qu’elle rate, c’est qu’elle n’a pas assez donné de sa personne. Bien sûr, il peut être rassurant de s’abandonner au destin. Si tout est écrit, il n’y a plus rien à faire. Plus besoin de se battre.
Se penchant sur la table, Moon détaille les cartes. Elle essaie d’y déceler les petits défauts d’usure. Tout le monde ne se ballade pas les arcanes dans les poches. Une sorte de porte bonheur ? Difficile de croire que Yukio puisse abandonner sa raison à ces figures.
Il semblait si sérieux, pourtant.
Droit, sincère, intelligent. Difficile pour Moon d’associer ésotérisme et science. Peut-être à tort. A priori, elle n’attend qu’une chose : qu’on la fasse mentir. Et puis, pour attendre le verre, autant s’abandonner à l'expérience.
Je ne vous imaginais pas tireur de cartes. Vous me surprenez.
Elle se repositionne bien droit, la tête haute, la voix peu convaincue.
Vous l’avez deviné, je ne suis pas familière de la discipline.
Pourtant, et comme il s’en doute déjà certainement, elle est prête à accepter.
Que dois-je faire ?
La main gauche, celle du cœur, est prête à être dégainée. Finalement, elle est curieuse du résultat. Yukio pourrait dire n’importe quoi. Mais moins crédule qu’ignorante, elle compte bien tout vérifier une fois rentrée.
Se penchant sur la table, Moon détaille les cartes. Elle essaie d’y déceler les petits défauts d’usure. Tout le monde ne se ballade pas les arcanes dans les poches. Une sorte de porte bonheur ? Difficile de croire que Yukio puisse abandonner sa raison à ces figures.
Il semblait si sérieux, pourtant.
Droit, sincère, intelligent. Difficile pour Moon d’associer ésotérisme et science. Peut-être à tort. A priori, elle n’attend qu’une chose : qu’on la fasse mentir. Et puis, pour attendre le verre, autant s’abandonner à l'expérience.
Je ne vous imaginais pas tireur de cartes. Vous me surprenez.
Elle se repositionne bien droit, la tête haute, la voix peu convaincue.
Vous l’avez deviné, je ne suis pas familière de la discipline.
Pourtant, et comme il s’en doute déjà certainement, elle est prête à accepter.
Que dois-je faire ?
La main gauche, celle du cœur, est prête à être dégainée. Finalement, elle est curieuse du résultat. Yukio pourrait dire n’importe quoi. Mais moins crédule qu’ignorante, elle compte bien tout vérifier une fois rentrée.
Vendredi 7 juillet 2017
- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 28 ans
❖ Chambre/Zone n° : 1
❖ Arrivé(e) en : Fin Janvier 2017
Rien n'était écrit, et pourtant ça l'était, assez littéralement. Moon comme Yukio n'en avaient tout simplement pas conscience. Le destin n'était jamais que l'autre nom donné aux prévisions du démon de Laplace. Si tout était écrit, tout restait à vivre, à ressentir, à expérimenter. Il n'était pas nécessaire d'avoir la main sur le volant pour profiter du paysage, et pas utile d'avoir son libre-arbitre pour être tenu responsable de ses actes, dès le moment où ces derniers avaient été réalisés en pleine conscience de leur portée morale et des conséquences associées, et où les douleurs associées à l'effort avaient été vécues, dans la chair. Le monde était un ensemble d'équations, et ce monde comprenait les humains. La matérialité de l'esprit conduisait à sa pleine inclusion dans la physique déterministe du monde. La balle partait du fusil, personne ne s'attendait à ce qu'elle infléchisse sa course par une quelconque volonté intrinsèque, et les consciences n'étaient pas moins matérielles qu'une munition propulsée dans un canon rayé. Aucun ésotérisme dans le destin, aucun abandon de la raison dans l'acceptation de sa propre carence spiritualiste, aucune résignation dans la simple reconnaissance de l'absence de tout dualisme de sa personne.
Yukio sentait sa partenaire rétive, il adorait ça. Elle se parait de sa défiance comme si on avait attenté à sa pudeur. Prudente, raisonnable, magnanime. Difficile de penser qu'elle pouvait laisser son discours se teinter de soupçons, d'insolence, de volonté presque sournoise de voir son prochain sombrer dans l'échec pour le simple plaisir de valider ses propres conceptions. Elle était ambivalente, autant désireuse d'avoir raison que prête à s'amuser d'avoir eu tort. Il était dans tous les cas trop tard, elle avait accepté, les cartes avaient vibré d'une énergie toute chimérique. Elles n'étaient jamais qu'un support sur lequel bâtir les fondations d'un message porté par l'illusion. Moon aurait pu le concevoir, c'était à l'image animée de son sujet d'étude. Les bords des rectangles de carton étaient abîmés, comme élargis par le fait d'avoir été battus et rebattus, comme fatigués d'avoir si souvent porté les leçons, les persuasions, les révélations, les compliments, les critiques acerbes. Des années que les mots glissaient sur ce jeu de Tarot, et les mots n'étaient-ils pas, à l'avis pas si humble d'un vieil homme, la plus inépuisable des sources de magie ?
Alors que la professeure de cinéma venait de couper le jeu de la main gauche, il plaça cinq cartes sur la table, face retournée, en forme de croix. D'un geste très précautionneux, il retourna la carte la plus à gauche, découvrant une Lune pleurante surplombant deux chiens, tandis qu'une écrevisse nageait dans un étang, au bas du tableau.
Il s'éclaircit la voix, puis prit la parole:
- Les cartes sont d'humeur moqueuse aujourd'hui, voilà qu'elles ont décidé de vous faire tirer, d'entrée de jeu, la carte de la Lune. J'aurais souhaité l'inventer que je n'aurais pas pu, commencez-vous à douter ?
Il continua, après s'être fendu d'un léger sourire:
- Votre vie est marquée par diverses peurs ainsi que par le secret. De ce que disent les cartes, le passé vous a appris à craindre le regard d'autrui, l'opprobre, l'humiliation, les mots et les regards de vos congénères. Assez tôt dans votre vie, vous avez été conduite à la dissimulation, camouflant tout ce que la peur vous commandait de cacher. Serait-ce devenu une seconde nature ? Encore aujourd'hui, vous gardez en vous de lourds secrets que vous n'avouez à vous-même que seule, face au miroir de votre âme devant lequel tout mensonge demeure impossible. Vous n'aimez pas le reflet qui s'y projette indépendamment de vos aspirations. Vous avez enfermé aux confins de votre âme certaines blessures pour ne pas avoir à les contempler, tandis que vous vous nourrissez de certaines nostalgies sans vous rendre compte qu'elles vous brisent tout autant. Je n'ai pas besoin de vous signifier à quel point vous vous intoxiquez de vos doutes, de vos peurs, de vos souvenirs et de vos regrets, vous ne faites que semblant de l'occulter.
Yukio retourna la carte centrale. Il s'agissait d'un immense soleil éclairant deux chérubins de larmes de lumière. Il poursuivit:
- Votre présent est fait de blocages divers, de doutes et même de certains excès, ce qui est étonnant pour quelqu'un comme vous, à moins que les circonstances ne vous conduisent à baisser le masque sous le poids de vos émotions, de votre frustration ou de votre tristesse. Pour autant, et paradoxalement, les décisions que vous avez prises récemment devraient vous apporter une certaine clarification face à vos démons. Si vous êtes encore aveuglée par l'ombre de la nuit, vous guidant à la faible lumière trompeuse de la Lune, il semble que le chemin que vous arpentez soit celui qui vous amènera vers l'aurore. Le préalable à toute amélioration de votre situation intérieure passe par une mise au point brutale, sans doute cuisante, de la vie. Le présent a la silhouette d'une gifle qui vous fera ouvrir les yeux. Acceptez ce coup salvateur, c'est une violence qui vous sera profitable sur le long terme.
La carte la plus à droite fut confessée, elle montrait une femme tenant ouverte la mâchoire d'un lion, l'animal ne pouvant lutter contre la force impassible de sa domptrice.
- Les fils de votre destinée vous emmènent vers des épreuves dont vous saurez ressortir la tête haute. Le jeu vous donne sa confiance, il m'indique que vous avez parfaitement les capacités de surmonter ce qui ne manquera pas de se produire. Vous devrez suivre vos propres idées, garder le cap quand vous douterez, vous fier à ce que votre raison et votre envie de vivre vous dictent. Vous ne manquez pas d'une certaine considération envers vous-même, c'est exactement ce qui vous permettra de triompher de l'adversité. Le contrôle de ce que vous vivez n'est pas tant une question de volontarisme que d'identité. Vous accomplirez mieux votre volonté en vous restant fidèle qu'en vous lançant dans de grands projets sur lesquels vous n'avez pas possibilité d'inscrire votre empreinte. Votre futur est vivant, fait d'émotions, de joies fiévreuses et d'intenses pleurs. Garder le cap dans cette tempête, c'est garder qui vous êtes.
Le professeur d'histoire dévoila la quatrième carte, en position supérieure, laissant apparaitre un ciel étoilé surplombant une femme accroupie au bord d'un fleuve, déversant de ses mains l'eau contenue dans deux cruches de taille respectable. Il déroula:
- Défiez-vous de la méfiance, votre passé vous a mal éduqué. Il est temps de faire à nouveau confiance, de reconsidérer vos routines chargées de circonspection et de crainte. Vous avez l'impression que votre regard sans concession vous protège du mal, mais il maintient aussi à distance ce qui pourrait arriver de bien. Les intentions d'autrui ne sont pas toutes impures. Il est aussi des choses et des personnes dont l'existence n'est pas synonyme de nuisance. Laissez-vous séduire par le monde et ceux qui le peuplent, il sont intéressés, mais par pour autant inintéressants ou malveillants. Vous pouvez offrir de vous-même aux autres volontairement, sans qu'ils ne vous le volent, et obtenir en retour une sérénité insoupçonnée.
D'un petit geste du doigt, il fit basculer la dernière des cinq cartes. La bateleur leur souriait, portant son vêtement bariolé avec l'insouciance de la jeunesse.
- Vous allez bientôt connaitre un nouveau départ. Vous vous rendrez compte assez rapidement que vous êtes sorti de vos habitudes, comme porté par le souffle de votre essence et de votre agitation. C'est une aventure d'un genre que vous n'avez jamais connu qui vous attend. Vous ne devez pas en avoir peur. Soyez confiante et ne rejetez pas le changement en étant esclave de vos peurs, toute nouvelle expérience est apparemment, dans votre cas, plus bénéfique que dangereuse. Sans aller jusqu'à rechercher le changement, laissez-le venir à vous et embrassez-le avec insouciance, il est là pour faire évoluer vos perspectives et vous amener à reconsidérer durablement vos conceptions sur ce qu'est une vie réussie.
Alors qu'il finissait sa phrase, les verres apparurent devant eux, déposés par les mains agiles du serveur cachant sa curiosité. Yukio retint son soulagement, parler autant lui avait donné soif.
- Spoiler:
- Tirage après lancé des dés: 18 / 19 / 8 / 17 / 1
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La dix-huitième carte du jeu. La lune. Moon lève un sourcil. Elle est tout autant perplexe que surprise. Dai Vernon a réussi son coup. La trentenaire aimerait connaître le truc. Difficile de croire au hasard. Peut-être que la carte est cornée ? Ou peut-être que les sages tentent de lui indiquer le chemin de la clairvoyance.
Elle écoute, sans écouter. En acceptant le tirage, Moon ne s’attendait pas à un Yukio aussi loquace. Les informations entrent par une oreille, sortent par l’autre. Passé, présent, futur. Chaque histoire qu’il raconte semble plus évidente que la précédente. S’il suffit de faire appel à l’effet barnum, Moon aussi peut s’improviser chaman.
L’une après l’autre, elle rapproche les cartes pour pouvoir les observer. A défaut d’être perspicaces, les arcanes sont belles. C’est bien là l’intérêt que peut porter Moon à ces objets. Du bout des doigts, elle détaille les dessins. N’est-ce pas le plus important, se sentir inspiré par ces images ? Pas certaine de vouloir croire aux messages du destin que narre Yukio, Moon pourrait néanmoins projeter ses sentiments dans les dessins.
Et finalement, il s’arrête.
Moon retient un soupir, ce n’est pas très charmant de manifester son soulagement. Elle pensait que ça ne finirait jamais. Pourtant, elle ne peut empêcher de manifester toute ses suspicions :
Chapeau pour la lune. Même si mes pauvres parents ne parlent pas un mot d’anglais, et n’ont pas saisi la proximité de mon nom avec sa traduction.
Les verres arrivent, elle s’arrête pour laisser le serveur les déposer. Elle aimerait débarrasser la table, ranger les cartes, pour lui laisser la place. Il ne faudrait pas qu’un verre marque l’un de ces objets. Avant de reprendre, elle prend une petite gorgée. Le Cosmo est bon.
Pour le reste, permettez-moi de vous le demander. Mais est-ce bien là ce que signifient les cartes, ou une histoire que vous me racontez ? Si je peux me permettre cette réflexion : une “vie marquée de peurs”, “un présent fait de blocage”, “un futur vivant”, pourrait me parler tout autant qu’à vous, ou qu’à cet homme assis de l’autre côté du bar.
Elle se rapproche doucement, comme pour murmurer un secret :
Vous me faites marcher, et ne pensez pas un traître mot de ce que vous m’avez conté, n’est-ce pas ?
Elle écoute, sans écouter. En acceptant le tirage, Moon ne s’attendait pas à un Yukio aussi loquace. Les informations entrent par une oreille, sortent par l’autre. Passé, présent, futur. Chaque histoire qu’il raconte semble plus évidente que la précédente. S’il suffit de faire appel à l’effet barnum, Moon aussi peut s’improviser chaman.
L’une après l’autre, elle rapproche les cartes pour pouvoir les observer. A défaut d’être perspicaces, les arcanes sont belles. C’est bien là l’intérêt que peut porter Moon à ces objets. Du bout des doigts, elle détaille les dessins. N’est-ce pas le plus important, se sentir inspiré par ces images ? Pas certaine de vouloir croire aux messages du destin que narre Yukio, Moon pourrait néanmoins projeter ses sentiments dans les dessins.
Et finalement, il s’arrête.
Moon retient un soupir, ce n’est pas très charmant de manifester son soulagement. Elle pensait que ça ne finirait jamais. Pourtant, elle ne peut empêcher de manifester toute ses suspicions :
Chapeau pour la lune. Même si mes pauvres parents ne parlent pas un mot d’anglais, et n’ont pas saisi la proximité de mon nom avec sa traduction.
Les verres arrivent, elle s’arrête pour laisser le serveur les déposer. Elle aimerait débarrasser la table, ranger les cartes, pour lui laisser la place. Il ne faudrait pas qu’un verre marque l’un de ces objets. Avant de reprendre, elle prend une petite gorgée. Le Cosmo est bon.
Pour le reste, permettez-moi de vous le demander. Mais est-ce bien là ce que signifient les cartes, ou une histoire que vous me racontez ? Si je peux me permettre cette réflexion : une “vie marquée de peurs”, “un présent fait de blocage”, “un futur vivant”, pourrait me parler tout autant qu’à vous, ou qu’à cet homme assis de l’autre côté du bar.
Elle se rapproche doucement, comme pour murmurer un secret :
Vous me faites marcher, et ne pensez pas un traître mot de ce que vous m’avez conté, n’est-ce pas ?
Vendredi 7 juillet 2017
- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
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Moon était aussi réfractaire qu'un prêtre après le 1er décembre 1790. C'était à prévoir, mais ça peinait presque Yukio. Elle se cachait derrière son rationalisme en bonne cartésienne incrédule. Imperméable, impénétrable, il y avait certainement là dessous bien autre chose qu'un attachement raisonnable à l'essai randomisé en double aveugle. Avait-elle peur ? Etait-elle juste inflexible au point d'en être péremptoire ? C'était, en tout cas, assez curieux à observer. Il ne lui venait à l'esprit qu'un rejet monolithique de la pratique, un refus plein et entier, sans aucune tentative de compréhension un tant soit peu honnête. Elle faisait la sourde oreille et se plaignait de ne rien entendre.
Le professeur d'histoire lui répondit d'une voix empreinte d'une certaine commisération:
- Vous manquez de dialectique. Autrement, vous ne poseriez pas ces questions. Peut-être que je vous ai surestimée...
Il avala une gorgée, poussa comme un soupir, puis la regarda dans les yeux, captant du mieux qu'il pouvait son attention.
- Les cartes signifient toujours l'histoire que je raconte. Par essence, leur interprétation est relative. Au fond, ce n'est pas l'histoire que je peux bien narrer qui compte, c'est celle qui se conte entre vos deux oreilles. Cet exercice n'a d'autre but que d'évoquer en vous les résonances qui vous permettront d'avancer. Je peins avec toutes les couleurs du spectre chromatique, mais chaque individu ne perçoit que celles dont il a besoin pour décrypter son propre tableau intérieur. Vous seriez surprise du nombre de gens qui ont besoin d'un apport extérieur de mots frivoles pour comprendre leurs maux et les soigner, et vous seriez arrogante de croire que vous n'en faites pas partie. Je ne fais qu'offrir un support à la clarification des affects, ce support est plus solide s'il est habillé d'une certaine mysticité, et son usage n'est pas moralement dégradant s'il a pour finalité la bienveillance, et non la manipulation.
Il compléta d'une voix légèrement tendue mais totalement franche:
- Votre orgueil rationaliste mal placé est une faillite pour ce qui est de l'humanisme. Parce que la spiritualité est une drogue, vous refuseriez son usage thérapeutique. Vous êtes vous-même en pleine aporie sans vous en rendre compte, car vous attachez aux pratiques de vos semblables des valeurs intrinsèques, quand l'hygiène mentale la plus fondamentale, contenue toute entière dans la méthode scientifique, devrait vous conduire à considérer les choses avec circonspection avant d'y porter votre jugement.
Il procéda au rangement de son jeu de cartes, débarrassant la table tout en concluant:
- Pour répondre à vos questions, cet homme assis de l'autre côté du bar a peut-être eu une vie marquée par la peur, mais son présent n'est pas du tout bloqué. Il a glissé son alliance dans sa poche en arrivant. Vous savez comme moi que ça signifie qu'il a conclu une trêve avec ses blocages, et a su s'accommoder de leur éventuelle existence. Son futur est calme et apathique. Il a l'air ennuyeux, ce qui signifie que son mariage ne persiste déjà que par l'inertie et le confort mutuel ou matériel qu'il procure. Si sa femme découvre ce qu'il fait de ses journées, elle fera comme si de rien n'était, c'est le plus probable. Dans dix ans, il sera à la retraite. Dans vingt, son athérome naissant statistiquement supposable au vu de son léger excès de masse adipeuse l’emmènera dans la tombe. C'est le genre de personne à qui je ne me risquerais pas à lire les cartes, j'aurais trop de choses désagréables à dire, et pour être tout à fait transparent, je ne suis pas sûr que ça aurait un quelconque effet. Les bisous magiques ne fonctionnent que sur les enfants sages.
Il eut une légère quinte de toux.
- Ce que je pense de ce que j'ai dit n'a aucune importance, vraiment. Je crois chacun des mots que je prononce, mais je suis surpris que vous ayez besoin d'une confirmation de mon rapport clinique à la divination. Plus encore, je suis déçu que vous pensiez le monde tout entier désenchanté. Dieu ne meurt jamais, il ne fait que déménager. Si vous êtes nietzschéenne, je peux vous laisser sur le champ, je prends peu de plaisir à côtoyer le volontarisme dans la malveillance.
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Après la douceur des compliments, l’acidité des gronderies. Après cette longue tirade, décidément trop longue - Yukio devrait apprendre à économiser ses mots -, Moon ne se sent plus femme, mais de nouveau enfant. Il y a quelque chose de dur, presque paternaliste, dans la voix de son rendez-vous. Moon serre les dents.
Il en faut si peu pour le vexer ?
Ce qui est fort, dans les paroles de Yukio, c’est qu’elles n’ont pas besoin d’être insultantes pour faire mal. Alors que Moon se pensait encore protégée par une sorte de connivence, il n’en est rien. Il suffit de caresser du bout des doigts les croyances de l’historien, pas si cartésien, pour que l’illusion se dissipe.
”Orgueilleuse”. “Malveillante”. Vous ne mâchez certainement pas vos mots. Elle attrape du bout des doigts son verre, pour boire une gorgée. Vous êtes décidément généreux.
Il donne sans compter, parle sans s’arrêter. La trentenaire glisse une main sur son front. C’est qu’à force de l’écouter, son crâne tambourine. Des hommes, comme lui, qui pensent avoir la science infuse, Moon en a déjà croisé plus d’un. Mais Yukio est particulièrement salé.
Si elle n’est pas là pour la bagarre, elle n’a pas non plus envie qu’on essuie ses pieds sur ce qui lui reste de dignité. Elle repose son verre, salement entamé. Mais qu’on ne se trompe pas : l’alcool ne l’enivre pas. Il lui en faut bien plus pour lui faire tourner la tête.
Vous me portiez en estime, pour vous emballer de la sorte, j’en serai presque touchée.
Un léger sourire. Légèrement sarcastique. Au fond, elle pense ce qu’elle dit. Il y a bien longtemps qu’elle n’a pas autant déchaîné les passions. Yukio ne vit pas dans la demie-mesure, et c’est assez enchanteur. Il peut partir, s’il le veut. Elle ne bougera pas d’un centimètre. Interdiction de faire transparaître sa gêne, au jeu de la Dame, elle voudrait gagner la première partie.
Il en faut si peu pour le vexer ?
Ce qui est fort, dans les paroles de Yukio, c’est qu’elles n’ont pas besoin d’être insultantes pour faire mal. Alors que Moon se pensait encore protégée par une sorte de connivence, il n’en est rien. Il suffit de caresser du bout des doigts les croyances de l’historien, pas si cartésien, pour que l’illusion se dissipe.
”Orgueilleuse”. “Malveillante”. Vous ne mâchez certainement pas vos mots. Elle attrape du bout des doigts son verre, pour boire une gorgée. Vous êtes décidément généreux.
Il donne sans compter, parle sans s’arrêter. La trentenaire glisse une main sur son front. C’est qu’à force de l’écouter, son crâne tambourine. Des hommes, comme lui, qui pensent avoir la science infuse, Moon en a déjà croisé plus d’un. Mais Yukio est particulièrement salé.
Si elle n’est pas là pour la bagarre, elle n’a pas non plus envie qu’on essuie ses pieds sur ce qui lui reste de dignité. Elle repose son verre, salement entamé. Mais qu’on ne se trompe pas : l’alcool ne l’enivre pas. Il lui en faut bien plus pour lui faire tourner la tête.
Vous me portiez en estime, pour vous emballer de la sorte, j’en serai presque touchée.
Un léger sourire. Légèrement sarcastique. Au fond, elle pense ce qu’elle dit. Il y a bien longtemps qu’elle n’a pas autant déchaîné les passions. Yukio ne vit pas dans la demie-mesure, et c’est assez enchanteur. Il peut partir, s’il le veut. Elle ne bougera pas d’un centimètre. Interdiction de faire transparaître sa gêne, au jeu de la Dame, elle voudrait gagner la première partie.
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*Baka baka baka baka baka baka baka, tu peux pas t'en empêcher, t'es vraiment qu'un sale con.*
Yukio avait envie de se couper la langue. Les choses sortaient toutes seules, il n'arrivait jamais à les contenir, malgré une apparence de maitrise et une certaine clarté dans son élocution. Il transpirait des mots quand il avait chaud, quand il avait froid, quand il était juste bien, tout le temps. Il suintait les discours comme pour rafraichir sa carafe en surchauffe, il exsudait des tirades sans pouvoir les éponger. Il avait suggéré à un psychiatre d'ajouter l'hyperhidrose verbale à la prochaine version du DSM. Le médecin avait poliment rejeté sa suggestion. Deux heures, quatorze minutes et cinq secondes plus tard, après une discussion enflammée qui avait plus fatigué le psychiatre qu'un escadron de patients bipolaires tous synchronisés sur la survenue d'un épisode maniaque, il avait assuré à Yukio qu'il considérerait sa proposition, l'avait diagnostiqué borderline, et lui avait proposé de lui adresser un confrère pour la prochaine consultation.
Moon était blessée, il était entièrement responsable, et il était un peu tard pour s'excuser. Il était toujours trop tard quand il s'en rendait compte. Il s'insupportait. Non seulement il ne savait pas gérer ses humeurs, mais il n'était pas assez bête pour être bassement vulgaire et permettre à autrui de déconsidérer complètement ses paroles.
*Baka baka baka baka baka baka baka, tu peux pas juste la mettre en veilleuse ?*
La professeure de cinéma se défendait par des sarcasmes au potentiel hydrogène passant sous le zéro. Il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, c'était mérité. C'était craquant, même sous une grêle acrimonieuse, elle conservait sa dignité chevillée à son parapluie d'élégance. Elle était trop charitable pour lui, il n'encourait pas une telle indulgence. Peut-être l'avait-elle correctement cerné, il était cet animal craintif recherchant le contact avant de mordre la main qui le caressait, c'était pathologique. Sous des airs apprivoisés, il conservait les réactions erratiques d'une bête agressive en manque de domestication.
Fallait-il s'excuser ? Relancer une nouvelle fois les montagnes russes avant le prochain looping qui ne manquerait pas d'arriver, plongeant de nouveau dame Kawaguchi dans la perplexité ? Ressentir à nouveau les affres de la honte d'avoir laissé l'ire prendre le contrôle du récit ? Il fallait une solution durable au problème, si possible. Une thérapie comportementaliste aurait fait l'affaire, mais dans les cinq minutes à venir, c'était compliqué à caser.
*Baka baka baka baka baka baka baka, tu fais du mal et après tu sais pas réparer.*
Peut-être fallait-il simplement respirer, calmement, mettre de l'ordre dans son esprit, et boire à grandes gorgées sitôt le goût de l'amertume arrivé sur le bout des papilles. L'alcool avait de toutes façons, généralement, un effet positif sur son humeur, le rendant plus affectif que désagréable.
Il but une grande gorgée sans se servir de la paille. Aux grands mots les grands remèdes. Il énonça d'un ton confondu:
- C'est vous qui êtes trop généreuse. Mon comportement est inqualifiable et pourtant vous conservez la supériorité morale d'une humeur égale. Je suis parfois emporté par mes propres paroles, c'est... inconvenant.
*Baka baka baka baka baka baka baka, tu contrôles que dalle, gamin manchot nodocéphale.*
Il jeta son regard dans le vide l'espace d'un instant, avant de le reconcentrer pensivement:
- Je vous présente mes excuses, si tant est que vous leur accordiez de la valeur. Je vous fais la leçon et souffre moi-même des maux que je reproche. Ma diatribe était d'une présomption consommée, je suis pendable aux fins des mêmes délits dont j'ai requis la peine en procureur improvisé.
Il ajouta tout doucement, presque détaché:
- Comme vous dites, en termes stendhaliens, je vous cristallise. Vous pouvez en être touchée. Je le suis plus encore.
- InvitéInvité
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feat. Yukio
Les jambes croisées, son pied bat d’un air imaginaire. Mélomane du dimanche, Moon laisse parfois apercevoir un peu de sa gêne dans des mouvements futiles. Presque invisibles. Au fin fond de sa mémoire, une musique de jazz, commente la scène ridicule. Lui et elle sont comme des enfants. Un peu mélodramatiques, ils ont bien du mal à se montrer désintéressés.
Si Moon aime avoir l’impression d’être de marbre, ce n’est pas le cas. Au fond, si elle se permettait de lâcher son diaphragme une seconde, elle aurait envie de crier, elle aussi. Mais ça fait bien longtemps qu’elle ne verse plus son verre au visage des garçons. Sauf s'ils l'ont un peu trop cherché.
Yukio n’a pas encore franchi la ligne. Et à son air désolé, il ne risque pas de la franchir de nouveau. S’en est presque ennuyeux. Après s’être à ce point emballé, il se recroqueville. Mais c’est de bonne guerre. Elle n’a pas explosé, il ne le fera pas non plus.
”Talk less, smile more.”
Comme pour illustrer la citation, un sourire à peine masqué. Il pourrait être tordu, vexé, mais il ne l’est pas. Moon est sincère. Bien sûr qu’il est important d’avoir des idées, de se battre pour. Mais il n’est pas toujours nécessaire de mourir pour.
Je suis désolée de vous avoir heurté. Je pensais vous avoir saisi, mais vous êtes plus surprenant que ça. Je ne suis pas désenchantée ou énervée contre la magie. Mais vous avez raison, j’ai beaucoup de mal à abandonner mon rationalisme.
Elle trempe ses lèvres à nouveau. Elle aurait dû commander un verre d’eau, pour ne pas se noyer dans l'éther.
Je ne voulais certainement pas vous blesser.
Moon fait tourner, tourner, tourner encore dans sa main le verre. Et finalement, à force de, celui-ci glisse, et tombe à ses pieds. Dans un bruit presque sourd, discret, il s’éclate aux talons de la trentenaire. Immédiatement, elle se baisse, pour ramasser les dégâts, et se coupe le doigt.
Un peu de sang, presque rien du tout, mais Moon n’aime pas sentir sa propre vie s’écouler de sa peau. Alors, elle se redresse, et monte les yeux au ciel.
Désolée.
Murmure-t-elle.
Code by awful modifié par Gin
- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
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❖ Âge : 28 ans
❖ Chambre/Zone n° : 1
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Talk less, smile more, don’t let them know what you’re against or what you’re for... Elle n'avait pas tort, mais la Révolution était une maitresse qui savait rendre ses amants incapables de se taire, et Yukio avait l'âme d'un amoureux transi. Bien sûr, il n'avait pas la certitude d'être juste, mais il était indubitablement Kaliayev cherchant Dora du regard, et souhaitait la trouver avant d'être pendu. Plutôt Dora et Yanek que Bonnie and Clyde. S'il avait su sourire, c'est qu'il n'aurait rien su dire. S'il avait su, il eut disposé d'un destin moins funeste. Un jour, il mourrait de n'avoir pas su, à l'image du personnage principal d'un roman d'Augusto Roa Bastos, sur sa dernière page.
Moon était distante, comme évanescente. Elle ondulait telle la brume d'un matin orageux. D'une certaine manière, elle flottait, ne faisant que frôler son environnement. Seul, son verre circulait entre ses doigts, semblable à un bijou manipulé pour permettre aux pensées de se dérouler comme un rouleau de parchemin. Timide, il tenta consciemment un sourire maladroit, qui sonnait faux. C'était le mieux qu'il puisse faire. Il n'avait pourtant pas le cœur à sourire, cette rencontre était une catastrophe, et ça devenait habituel.
Il se sentait inapte au monde, et pour une fois ce n'était pas la faute de son père. Il brisait tout sans trop savoir comment, comme un éléphant ivre dans une fabrique de porcelaine. Agir normalement était hors de sa portée, il aurait eu l'impression de passer à côté de sa vie. C'était précisément ce qui se passait, précisément à cause de ses actes. Le sort se moquait. La vie lui renvoyait en pleine face tous les directs du gauche qu'il tentait. Il était peut-être temps de s'avouer vaincu, de se ranger, de rendre atones ses discours, d'enfermer ses pensées, de lisser ses paroles, de calmer sa gestuelle. Parler moins, sourire plus, le bonheur et le confort étaient à ce prix. Un prix dérisoire, qu'est-ce que la liberté monnayée contre le plaisir d'une vie fréquentable ? Le meilleur des mondes était là, il suffisait de le saisir, de l'accepter et de ne plus y penser. Avale le soma Yukio, tu ne seras plus toi-même et triste, tu seras un autre et tu seras heureux.
Le verre chute, sortant le professeur d'histoire de sa réflexion. Le sang coule du doigt de Moon, perlant de rouge sa peau albâtre. L'enseignante réagit avec distance, comme décorporée face à ce qui lui arrive, plus spectatrice qu'actrice devant la situation. Il culpabilise, est-ce lui qui l'a éteinte ? On verra plus tard, pour l'instant, le sang, bien vivace, s'échappe de la coupure avec fiabilité. Sans réfléchir, sans un mot, il attrape le mouchoir à carreaux bleus soigneusement plié dans la poche de sa veste, se lève, s'approche et fait doucement pression sur la blessure. Concentré sur l'idée d'arrêter le saignement, son regard captif ne quitte pas la main de sa compagne du soir. Une étreinte juste assez forte pour interrompre l'écoulement, juste assez faible pour ne pas causer de douleur. Un dosage précis, calculé, mathématique, régulier, comme pour jouer une partition de Chopin sur un piano.
Quand le saignement s'estompe, il relève la tête, et croise le regard de sa patiente. Sans y penser, il lui sourit.
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Le sang perle, coule, glisse le long de la peau. Moon fuit. Elle est belle, la femme indépendante. Rien qu’une blessure, et la voilà déjà à terre. Une plaie de rien du tout. Qui ne brûle même pas. Qui ne pique même pas. Qui ne fait même pas mal.
La main délicate de Yukio enveloppe la sienne.
Elle est sauvée. Le professeur d’histoire-géographie s’improvise infirmier. Et pas si mal, en plus. Alors, elle se permet d’ouvrir un instant les paupières, de se confronter de nouveau au monde réel, et à sa petite blessure de rien du tout.
Il sourit.
La remarque, quoi que audacieuse, est certainement malheureuse. Il n’y a rien de plus embarrassant qu’une remarque sur un sourire. En s’y tentant, Moon pourrait le voir s’éteindre, et à l’instant où ses pensées ont franchi la barre de ses lèvres, elle ressent un peu de culpabilité. Elle retient un “désolée”. Un de plus. Un de trop. Elle en a assez de s’excuser.
Préfère-t-elle. Délicatement, elle balaie les doigts du brun pour récupérer sa main, et le mouchoir qui l’enveloppe. Elle n’ose pas retirer le tissu, pas maintenant, pas déjà. Elle peine déjà à se confronter aux tâches rouges qui imprègnent les carreaux bleus.
La main délicate de Yukio enveloppe la sienne.
Elle est sauvée. Le professeur d’histoire-géographie s’improvise infirmier. Et pas si mal, en plus. Alors, elle se permet d’ouvrir un instant les paupières, de se confronter de nouveau au monde réel, et à sa petite blessure de rien du tout.
Il sourit.
Voyez. Vous êtes beau, quand vous souriez.
La remarque, quoi que audacieuse, est certainement malheureuse. Il n’y a rien de plus embarrassant qu’une remarque sur un sourire. En s’y tentant, Moon pourrait le voir s’éteindre, et à l’instant où ses pensées ont franchi la barre de ses lèvres, elle ressent un peu de culpabilité. Elle retient un “désolée”. Un de plus. Un de trop. Elle en a assez de s’excuser.
Merci.
Préfère-t-elle. Délicatement, elle balaie les doigts du brun pour récupérer sa main, et le mouchoir qui l’enveloppe. Elle n’ose pas retirer le tissu, pas maintenant, pas déjà. Elle peine déjà à se confronter aux tâches rouges qui imprègnent les carreaux bleus.
Je vous rendrai le mouchoir propre. Promis.
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- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
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❖ Âge : 28 ans
❖ Chambre/Zone n° : 1
❖ Arrivé(e) en : Fin Janvier 2017
Il souriait toujours. Moon lui avait fait un compliment, un vrai. C'était la première fois depuis le début du rendez-vous. La remarque aurait dû le sortir de son allègre concentration, lui faire perdre la disposition de ses muscles maxillo-faciaux, mais la passagère louange s'échappant des lèvres de dame Kawaguchi l'avait surpris. Il souriait toujours, comme figé par l'étonnement de se voir porter sur des ailes élogieuses, même pour quelques éphémères secondes. Personne ne louait jamais ce qu'il était ou ce qu'il faisait, l'instinct devait conduire à ce que l'on se dise qu'il n'en éprouvait point le besoin, comme si sa personnalité faussement extravertie le dispensait de toute nécessité de caresse à l'âme. Il donnait l'impression d'être un roc, il s'effritait comme du calcaire. A moins qu'il ne soit juste complètement détestable ? On ne caressait pas l'esprit des gens détestables. La réponse était peut-être juste là, pleine et entière. Il n'était pas digne d'être apprécié, aimé ou embrassé, c'était peut-être aussi simple que cela. Il essayait, pourtant, à sa façon, de se rendre digne. C'était un échec, de fait. Comme tout le monde, il cherchait la même chose, un peu d'amour sur ses ecchymoses. Un jour à la fois. Il souriait toujours, personne ne lui rendait jamais ce qu'il essayait de donner. Les gens disaient toujours "Qu'a encore fait Yukio ?" Mais jamais "Comment va Yukio ?". Il souriait encore, personne ne lui avait jamais dit qu'il était beau.
Moon chassa sa main avec délicatesse, promettant de lui rendre son bout de tissu. Il se sentit comme une jeune première anglaise ayant laissé tomber son mouchoir devant un défilé d'officiers partant en guerre. On avait marié des gens pour moins que ça. Il aurait dû se sentir contenté, s'il fallait qu'elle lui rende son bien, il faudrait qu'ils se revoient. Il se sentait gêné, c'était à lui de nettoyer ses affaires, pas aux autres. Une sorte de crainte le décontenançait. Le sang ne partirait pas, il le savait. Le sang ne partait jamais vraiment d'un tissu. Elle faisait une promesse qu'elle ne pourrait jamais tenir. Pourquoi ?
Il la contempla tandis qu'elle était contemplative, se confrontant avec difficulté à l'observation de sa propre mortalité. Elle était en proie au même vertige que lui. Elle vibrait de la même mélancolie. Elle sombrait sous le poids de questions semblables. Elle se noyait des mêmes flots affligés.
Il eut envie de lui dire que tout irait bien, que le sort savait éteindre par de froides surprises le feu de la lassitude, que voir le monde avec lucidité était libérateur, que lorsque l'on avait plus rien à perdre, on avait tout à gagner, que les Hommes étaient idiots, que c'était la source du malheur autant que du bonheur sur cette Terre. Il eut envie de lui dire tout ce dont il n'arrivait pas toujours à se convaincre. Peut-être qu'elle, elle méritait d'y croire. Il eut envie de l'embrasser, brièvement, ou juste de lui passer la main dans les cheveux. Il se ravisa.
Il ouvrit la bouche, et ne sut sortir un mot pendant quelques secondes. Il bafouilla:
- Vous pouvez me le rendre sale, je suis fort en lessive.
C'était absurde. Aussi crétin qu'absurde. Il soupira intérieurement. Un doctorat pour finir par ne pas savoir s'exprimer. Les années de thèse ne rendaient pas plus éloquent. Elles rendaient juste incertain, lui qui n'était déjà pas certain de lui-même.
Résolu face à sa propre incurie, il se baissa, rassemblant les morceaux de verre en prenant soin de protéger sa main du revers de sa manche. Tout à son ouvrage, il laissa s'échapper:
- Vous me trouvez beau pour de vrai ?
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Elle rit. Sonore, sincère, naturelle. Elle rit sans pouvoir s’en empêcher. Elle voudrait cacher ses lèvres tordues, mais ses mains sont prises. Voulait-il jouer de l’absurde, ou est-il complètement maladroit ? Bien sûr, c’est charmant. Oscillant entre totale maîtrise et phrases gauches, Yukio ne sait apparemment pas sur quel pied danser avec les femmes.
Les rires s'arrêtent finalement. Ses abdominaux en seraient presque douloureux. Faites que le pauvre professeur ne soit pas susceptible. Elle ne voudrait pas le vexer, encore.
Elle ne lui en voudrait pas, de vouloir s’arrêter à ce drôle de blind-date. Malgré le tirage de cartes, malgré le verre brisé, Moon ne peut s’empêcher de croire qu’il n’aurait pas pu mieux se passer. Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Et finalement, elle a oublié de lui demander le plus important : “pourquoi avez-vous accepté ce rendez-vous ?”. Prendre le café avec une inconnue ? On ne bloque pas son précieux vendredi pour ça.
Au fond, elle aurait bien voulu qu’il soit là avec le même but qu’elle. Les cheveux bruns. L’air froid. La sous-jacente maladresse. Il coche toutes les cases. Mais ce serait trop en demander.
Moon laisse durer le suspens. Pose-t-il cette question pour se rassurer, ou pour prendre la température ? Moon scanne les yeux de son collègue. Ils ne semblent pas embués d’une quelconque séduction. Alors, elle lui répond, le plus sincèrement du monde :
Et puis, ça n’aurait aucun sens de le trouver beau “pour de faux”.
Il y a d’autres manières de me dire ne pas vouloir d’un deuxième rendez-vous.
Les rires s'arrêtent finalement. Ses abdominaux en seraient presque douloureux. Faites que le pauvre professeur ne soit pas susceptible. Elle ne voudrait pas le vexer, encore.
Elle ne lui en voudrait pas, de vouloir s’arrêter à ce drôle de blind-date. Malgré le tirage de cartes, malgré le verre brisé, Moon ne peut s’empêcher de croire qu’il n’aurait pas pu mieux se passer. Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Et finalement, elle a oublié de lui demander le plus important : “pourquoi avez-vous accepté ce rendez-vous ?”. Prendre le café avec une inconnue ? On ne bloque pas son précieux vendredi pour ça.
Au fond, elle aurait bien voulu qu’il soit là avec le même but qu’elle. Les cheveux bruns. L’air froid. La sous-jacente maladresse. Il coche toutes les cases. Mais ce serait trop en demander.
Vous en doutiez ?
Moon laisse durer le suspens. Pose-t-il cette question pour se rassurer, ou pour prendre la température ? Moon scanne les yeux de son collègue. Ils ne semblent pas embués d’une quelconque séduction. Alors, elle lui répond, le plus sincèrement du monde :
Bien sûr, que je vous trouve beau “pour de vrai”.
Et puis, ça n’aurait aucun sens de le trouver beau “pour de faux”.
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- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
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- Oh ce n'est pas ce que je voulais dire...
Un murmure, mais elle ne s'était pas arrêtée. L'avait-elle seulement entendu ? Elle riait tant que ses oreilles avaient dû se clore. Qu'avait-il dit de si drôle ? Se moquait-elle de lui ou d'elle-même ? Riait-elle de lui ? Riait-elle avec lui ? Etait-ce bon ou mauvais signe ? Usuellement, faire rire une femme était une bonne chose, non ? Le prenait-elle seulement au sérieux ? Elle lui faisait penser à sa soeur. Elle aussi riait de ses incongruités, jamais pour le ridiculiser, mais juste parce que c'était toujours inattendu. Etait-ce la même chose ? Moon riait-elle parce qu'il avait formulé de ses lèvres quelque absurdité dissonante dont seul son esprit savait accoucher ? Il était à blâmer. Sous des ornements bienséants, des airs socialement convenables, il conservait un décalage profond avec ses contemporains. Si la réflexion lui permettait souvent de comprendre les attendus, l'improvisation révélait toujours chez lui la discordance de ses intuitions au regard des conventions. Peut-être fallait-il se réjouir que ce fut plus comique qu'affligeant.
Yukio n'aurait pas été contre une seconde entrevue avec Moon, mais son incompétence langagière avait apparemment condamné cette éventualité. Pour une fois qu'il ne s'ennuyait pas pendant un rendez-vous, il fallait qu'il se noie dans sa propre confusion. Il était décidément lamentable, incapable de matérialiser le moindre de ses desseins, inapte à verbaliser correctement ses humeurs et ses pensées lorsque ça devenait vraiment important. Que faisait-il ici ? Que diable allait-il faire dans cette galère ? La solitude était une piètre bergère. Ses vendredis n'étaient pas précieux, ils étaient vides, comme les autres jours de la semaine. Vides d'amour, vides d'affection, vides d'insouciance. Il était encore ce gamin venu à l'école accompagné des crêpes patiemment confectionnées dans une cuisine sans autre assistance que celle d'un livre, désireux d'en faire présent à ses camarades, et qui, à la fin de la journée, s'en revenait les bras chargés des calories dont personne n'avait voulu. Que cherchait-il ? Quelques paroles ? Un moment de tendresse ? La joie simple d'un sourire sur un visage ? Peut-être juste l'oubli de ses journées sans saveur et pourtant trop courtes dans la passion d'un regard complice ?
Il ne cherchait rien, il avait besoin de tout. Il voulait occulter ses démons sous les décombres de toutes les fièvres imaginables, il voulait s'absoudre, et n'avait pas trouvé d'autre drogue que ses émotions pour parvenir à la négligence de ses souffrances.
Il doutait depuis trop tôt. Petit, déjà, il doutait, sans doute à raison. Il doutait, et entendre des mots empreints d'une sincérité toute étonnée lui faisait l'effet d'une brise automnale sur le cerveau. Il doutait parce qu'il était cassé, non comme un jouet tombé d'une main maladroite, mais juste parce qu'il était sorti défectueux de l'usine. Il avait en lui ce puits rempli d'une noirceur insondable, et qui débordait parfois en emportant les couleurs. Il était une peluche qu'on avait oublié de remplir de coton, et qui cherchait inconsciemment à combler le creux de ses entrailles.
Il doutait, et Moon lui avait offert quelques grammes de certitude. Ces quelques grammes l'écrasaient. Il n'avait pas l'habitude de les porter. C'était un beau cadeau pourtant, sûrement le plus beau qu'il pourrait recevoir cette année. La nouveauté le déstabilisait. Il se mit à rougir, sans contrôle sur la dilatation de ses capillaires.
Il ne pourrait jamais trouver de quoi rendre la pareille à sa collègue, alors il se contenta juste de lui dire, avec l'honnêteté la plus désarmante du monde:
- Vous aussi vous êtes belle, et j'ai très envie de vous revoir.
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“Vous êtes belle.”
Des mots si simples, et pourtant si précieux. Moon ne doute pas. Jamais. Et certainement pas de son pouvoir d’attraction. Ce n’est pas le premier compliment de Yukio. Il est même assez généreux en la matière. Mais celui-ci sonne tout différent.
Elle est belle.
Une vérité subjective, qui perd toute valeur universelle. Aujourd’hui, Moon n’est pas seulement belle aux yeux des hommes. Elle est belle aux yeux de Yukio. Et même s’il n’est rien. Personne. Rien d’autre qu’un homme qu’elle a croisé au détour d’un café, son cœur brûle.
Je suis belle.
Une pensée, qui a longtemps eu du mal à se frayer un chemin, entre les complexes et les souvenirs adolescents. Une pensée, toujours refoulée, balayée par une fausse fierté. Une pensée, qui frappe soudainement les joues de Moon, qui, à l’image de celles de Yukio, se pâment d’un drôle de rouge.
Goûter de nouveau à cette joute verbale, parfois à contre temps. A cette maladresse enveloppée de beau langage. Peut-être qu’il l’a touchée un peu plus qu’elle aurait bien voulu le croire, ce beau professeur d’histoire-géographie.
Moon ne sait pas quand. Elle ne sait pas où. Ni comment. Mais oui, elle espère le revoir. Lui et elle. Rien que tous les deux.
Des mots si simples, et pourtant si précieux. Moon ne doute pas. Jamais. Et certainement pas de son pouvoir d’attraction. Ce n’est pas le premier compliment de Yukio. Il est même assez généreux en la matière. Mais celui-ci sonne tout différent.
Elle est belle.
Une vérité subjective, qui perd toute valeur universelle. Aujourd’hui, Moon n’est pas seulement belle aux yeux des hommes. Elle est belle aux yeux de Yukio. Et même s’il n’est rien. Personne. Rien d’autre qu’un homme qu’elle a croisé au détour d’un café, son cœur brûle.
Je suis belle.
Une pensée, qui a longtemps eu du mal à se frayer un chemin, entre les complexes et les souvenirs adolescents. Une pensée, toujours refoulée, balayée par une fausse fierté. Une pensée, qui frappe soudainement les joues de Moon, qui, à l’image de celles de Yukio, se pâment d’un drôle de rouge.
Moi aussi, j’aimerai beaucoup vous revoir.
Goûter de nouveau à cette joute verbale, parfois à contre temps. A cette maladresse enveloppée de beau langage. Peut-être qu’il l’a touchée un peu plus qu’elle aurait bien voulu le croire, ce beau professeur d’histoire-géographie.
Moon ne sait pas quand. Elle ne sait pas où. Ni comment. Mais oui, elle espère le revoir. Lui et elle. Rien que tous les deux.
Code by awful modifié par Gin
#terminé
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