[TERMINE][Kyoto] Always in your heart Ft. Riku

Always in your heart

Feat Nolan le Lidec

Tout est calme. Beaucoup trop calme. Sans Abigail dans la maison, tout est terne, sans vie, sans rires.
Riku n'avait pas passé une bonne nuit, ses pensées entièrement tournées vers sa mère. À la recherche de réconfort, elle s'était glissée dans les bras d'Elizabeth avec qui elle partageait son lit. C'est elle qui le lui avait demandé, ne pouvant pas supporter l'idée de restée seule depuis le décès de sa mère. Évidement, la brune avait accepté sans rechigner, lui offrant tout le réconfort qu'elle pouvait dès qu'elle n'en donnait pas à Soren. L'ambiance est étrange. Tout l'est. Depuis l'incinération, deux jours plus tôt, Riku n'a fait que croiser son frère qui, selon Lizzy, avait complètement craqué. Sa tante et son oncle consacraient beaucoup de temps à la petite dernière, Keiko, qui a encore du mal à comprendre pourquoi sa mère n'est plus là. La blonde en vient à se demander comment fait Elina pour rester si calme, elle qui vient de perdre sa jumelle. Il faut dire que Juni est certainement celui qui prend tout sur ses épaules, gérant à la fois sa femme et Keiko. Quand au père de famille, il a décidé de consacrer son temps et le semblant de force dont il dispose à Riku.
Elle s'en veut. Elle s'en veut terriblement. Elle s'en veut de ne pas avoir vu sa mère plus longtemps, de n'avoir apprit la vérité que trop tard. Elle s'en veut d'avoir élever la voix sur sa petite sœur le jour de l'incinération, parce qu'elle n'arrêtait pas de demander où était sa mère. Elle s'en veut de ne pas pouvoir être présente pour son frère, de ne pas être à la hauteur, de laisser ce fardeau à Elizabeth. Et elle s'en veut de ne pas savoir comment parler à son père, alors qu'il doit être celui qui culpabilise le plus dans toute cette histoire. Lui qui a tant sacrifié pour que son épouse vive le plus longtemps possible.

Tout en sèchant son visage avec une petite serviette, Riku rentra enfin dans sa chambre étonnement bien rangée. Elle parcourt la pièce du regard, à la recherche de son portable qu'elle ne tarde pas à repérer sur son bureau. Elle hésite un peu, respire profondément : il serait peut-être temps qu'elle prenne sur elle et réponde enfin à ses messages. Elle sait qu'elle en a, mais jusqu'ici, elle n'avait trouvé ni le temps ni le courage de tout lire et d'y répondre.

Un dernier. Message envoyé à Nolan. Simple. Direct. Ce n'est pas contre lui, c'est juste qu'elle ne sait pas comment le lui annoncer. Et tourner autour du pot ne fera que prolonger sa douleur face à la dure réalité de sa situation. Sa mère est morte, trois jours plus tôt, emportée par la maladie. Elle s'est endormie contre elle et à son réveil, elle n'était plus de ce monde.

Riku reste là un bon moment, allongée sur son lit, les yeux fermés, son portable près d'elle. Ce n'est que lorsque Lizzy entre la pièce qu'elle se redresse, se plaçant en position assise sur son lit.

« Je vais bientôt devoir y aller. Ça va aller ? T'es sûre que tu ne veux pas que je reste plus longtemps ? »

La blonde secoue la tête. Lizzy doit retourner à Kobe pour travailler sur un projet de groupe. Sans oublier qu'elle a d'autres cours à ne pas négliger : elle a déjà manqué trois jours de cours pour eux.

« Non, ne t'en fais pas. Tu as déjà perdu assez de temps comme ça... Il est temps pour toi de retrouver ton train de vie ! »

Elizabeth fronça les sourcils l'espace d'un instant, avant de soupirer et de rejoindre la blonde.

« Être là pour vous est tout sauf une perte de temps. Je suis là parce que je tiens à vous. »

C'était sec mais clair. Elle est là parce qu'elle les aime. Aimer... Riku sentit la chaleur parcourir son corps, en commençant par son cœur dont la blessure est encore à vif.
La jeune fille se penche vers son amie afin de la prendre dans ses bras. Elles restent ainsi un moment, tout en échangeant quelques mots, avant de se diriger ensemble vers le hall d'entrée. Trajet durant lequel la sonnette retentit. D'abord surprise, Riku laisse la grande porte en bois s'ouvrir. De toute façon, Lizzy doit quand même quitter le domaine et comme elle a déjà dit au revoir à tout le monde, autant ne pas perdre plus de temps !

La blonde ouvre alors la porte d'entrée afin de tomber nez à nez avec leur invité surprise : Nolan.
Qu'est-ce que... ?
L'information ne met pas longtemps à monter au cerveau et très vite, Riku reprend l'une de ses vieilles habitudes ; forcer un sourire, pour paraître forte.
Un échec.
Elle n'a même pas le temps de s'en débarrasser qu'elle se retrouve déjà dans les bras du brun, à sa grande surprise.
Pourtant, elle ne dit rien, finit même par refermer ses bras autour de lui.

« Désolé pour quoi ? Tu n'y es pour rien. » Dit-elle  à voix basse.

Tant bien que mal, elle tente de se contenir.
Elle s'éloigne doucement, se libère avant de se tourner vers Lizzy qui a fini d'enfiler sa veste et dont le sac à dos est déjà sur son épaule.

« J'y vais. On se voit à l'école. »

Elle passe près d'eux, non sans leur adresser un petit sourire avant de disparaître en refermant la porte derrière elle.
Seule avec son ami, Riku lève les yeux vers ce dernier. Elle a abandonné son sourire forcé.

« Tu... »

Oui, mais encore ? Riku ne sait pas quoi dire. Inutile de lui demander ce qu'il fait là, pourquoi il a fait tout ce chemin.

« Comment tu as fait pour venir ? Ne viens pas me dire que tu as payé le bus ou le train ? Tu veux quelque chose à boire ? Ou à manger ? Je peux te débarrasser de ton sac si tu veux !? »

Déplorable. La jeune fille se gratte le bras, les joues rouges. À quoi bon chercher à dédramatiser la situation ? Elle pousse un profond soupire, fait un pas un avant et reprend Nolan dans ses bras. Et bien malgré elle, elle sent ses larmes couler de nouveau.

« Merci... »

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Elle ne sait pas quoi faire, quoi dire. C'est que la situation est loin d'être simple et joyeuse et Riku, elle ne sait pas comment gérer la perte de sa mère. C'est la première fois qu'elle se retrouve face à la mort et il a fallut que ça tombe sur une personne aussi importante dans sa vie, aussi chère à son cœur. La vie est bien injuste, se rit du malheur des autres. La blonde ne peut que faire ce qu'elle sait faire de mieux : laisser ses sentiments la dominer. Elle laisse ses larmes couler librement sur ses joues, son corps perdu dans les bras de son ami qui la berce, lui offrant d'un peu de réconfort. Parce qu'elle n'en a jamais assez, parce qu'elle ne peut tout simplement pas refuser. Et puis, c'est Nolan ; elle peut bien se montrer faible face à lui, non ?

Un peu calmée, Riku s'éloigne tout en essuyant ses yeux à l'aide d'une de ses manches, un bref petit rire lui échappant.

« T'as déjà oublié ?! »

Elle lui indique une direction du doigt.

« C'est par là. Je t'y emmène. Je suppose que peu importe ce que je pourrais te dire, tu feras quand même ce que tu as envie de faire. »

Même s'il doit l'obliger à manger en utilisant la manière forte, oui.
Elle l'emmène donc jusqu'à la cuisine. Elle ne sait pas trop si elle a faim ou non, vu qu'elle n'a pas vraiment eu le temps d'y penser, mais au pire elle peut toujours finir son plat plus tard.

« Tu sais que tu n'es pas obligé. Tu viens à peine d'arriver et tu n'as pas à faire ça alors que tu es chez moi. »

Ce n'est pas qu'elle ne veut pas mais il est en quelque sorte un invité, même si c'est lui qui a débarqué sans rien dire. Mais dans tous les cas, c'est à l'hôte de la maison à faire à manger, pas l'inverse. Cela dit, Riku sait parfaitement que c'est inutile d'essayer de le faire changer d'avis. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles elle a accepté sans même faire semblant de refuser.

« Fais comme chez toi. » Dit-elle tout en s'asseyant.

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« C'est surtout une excuse facile. » Dit-elle avec un léger sourire.

Après elle ne peut pas vraiment lui en vouloir ; il n'est venu qu'une seule fois avant aujourd'hui et aujourd'hui, c'est parce que la famille est en deuil. Sans oublier que oui, la maison est en effet assez grande et n'a rien à envier à d'autres maisons typées japonaises.

Les deux jeunes se rendirent donc dans la cuisine. Et comme elle le pensait, inutile d'essayer d'arrêter Nolan. Quand il a une idée dans la tête, il ne l'a pas ailleurs. Sur ce point, ils se ressemblent beaucoup. La jeune fille le laissa donc faire, l'autorisant à faire ce qu'il voulait avec ce qu'il y avait.

« Parfait ! »

Quelque chose de rapide mais qui plaît toujours.
La blonde reste silencieuse, ses yeux rivés sur son ami pendant qu'il cuisine pour elle. Dit comme ça, c'est presque bizarre. Mais ça lui fait plaisir, même si Riku ne risque pas de le crier sur tous les toits.

« Mercredi. »

Elle pousse un léger soupire. Oui, déjà quatre jours qu'elle est partie, trois que... Elle y pense. Elle y pense et ça lui fait mal. Pourquoi a-t-il fallut qu'elle parte ? Pourquoi a-t-il fallut qu'elle soit malade ? Pourquoi ne lui a-t-on rien dit plus tôt ? Si elle avait su, elle serait restée à ses côtés bien plus souvent, bien plus longtemps.
Elle inspire profondément, puis expire, pour de contenir.

« Elle a fait une crise mardi et mon oncle et ma tante sont venus nous chercher mercredi matin. Elle s'est simplement endormie et... voilà. »

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C'est dur. Mais tant bien que mal, Riku tient le choc afin de donner quelques explications à son ami qui doit sans doute être complètement perdu. La blonde est partie sans prévenir qui que ce soit, n'a donné aucune nouvelle durant ces derniers jours, et n'a fait preuve d'aucune délicatesse pour annoncer la nouvelle à Nolan. A-t-elle seulement été délicate un jour ?! Ce n'est pas qu'elle ne veut pas, c'est juste qu'elle est trop franche et impulsive. Au final, plus personne ne s'étonne. Ses excès se lisent sur son visage ! Et en parlant d'excès... Elle trouve que le brun n'a pas toutes ses idées en place.

« "Pardon" ? Pourquoi tu t'excuses ? Personne ne pouvait prévoir que ça allait arriver aussi vite... »

Et surtout, c'est Abi elle-même qui a insisté pour que sa fille profite d'un petit moment avec ses amis, pour qu'elles amuse. Riku n'aurait jamais pu aller contre les décisions de sa mère qui était bien plus redoutable qu'elle !

« Pas trop d'après Lizzy. Il est là mais il reste dans son coin la plupart du temps... »

Elle pousse un soupire. Ça fait un moment qu'elle n'a quasi plus vu son frère qui s'isole. Elle ne peut qu'imaginer à quel point il est dévasté.

« Notre mère, c'était tout pour nous. C'était le pilier de notre famille... Je pense que je peux comprendre sa réaction. »

Une boule se forme dans son ventre alors que ses yeux sont humides malgré ses efforts. Elle vient les essuyer avec ses doigts, inspire profondément, expire.

« Tu repars à Kobe ce soir ou tu restes dormir ici ? La chambre où Lizzy a dormi est libre donc... Je ne pense pas qu'ils refuseront que tu restes. »

Pas si elle le demande tout cas.

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"Mais... ", mais encore ? Il a bien fait de garder le silence, de ne pas chercher la moindre excuse, la moindre explication. Riku ne l'aurait pas toléré, se serait même sûrement levée pour aller lui en coller une s'il avait osé s'enfoncer dans son  idée.

« Ne te sens pas coupable... »

Oui, c'est censé être tentative pour apaiser l'esprit de son ami. Riku n'a jamais prétendu être douée dans ce domaine. Elle ne veut pas qu'il culpabilise. Alors, tant bien que mal, elle veut lui faire comprendre que les choses sont comme elles sont, que sa présence n'aurait rien changé. Certes, elle aurait gagné quelques heures avec sa mère, ce qui n'est jamais de refus. Et Riku y avait évidement pensé. Mais Abi avait tant insisté pour qu'elle passe la journée avec ses amis. La blonde a respecté cette volonté. Si elle doit exprimer un regret, ce n'est pas d'être restée à l'école un week-end plutôt que d'aller voir sa mère mais plutôt d'avoir changé d'école tout court. Car si elle était restée, elle aurait continué de voir sa mère tous les soirs. Peut-être aurait-elle remarqué quelque chose, ou pas. C'est qu'il y a beaucoup de choses qu'elle pourrait regretter, la petite Riku.

Le sujet dévie sur Soren, brièvement. Mieux vaut le laisser seul pour le moment ; il sortira quand il sera prêt. Quand même, les deux Haruka ont des réactions bien différentes. Là où l'aîné s'est isolé et a tenté de ne pas trop montrer sa peine, la cadette n'a pas voulu qu'on la laisse seule et s'est ouvertement exprimée.

Aux paroles de Nolan, Riku lève la tête en sa direction. Le même sourire que sa mère ? On le lui a souvent dit, y compris qu'elle se ressemblaient énormément de manière globale. Mais cette fois, ça sonne différemment, dans le contexte actuel des choses. C'est assez particulier ce que ressent la jeune fille à cet instant précis. De la fierté ? Un besoin de se rapprocher davantage de ce qu'était sa mère ? Jamais elle ne pourra la remplacer. D'ailleurs, on a aussi souvent dit que mentalement, Riku tenait bien plus de sa tante que de sa mère. Si sa mère était un soleil, la demoiselle a surtout l'impression de n'en être qu'un rayon, et pour le moment, elle n'éclaire pas grand chose.

Bon au moins il y a du positif dans tout ça ; Nolan est d'accord pour passer la nuit au domaine et c'est tant mieux. Bon clairement, il ne pourra pas être toujours totalement là... là... mais il ne sera pas loin et c'est bien tout ce qui compte. Elle ne va pas trop s'en plaindre.

« J'irai te préparer la chambre. »

Oui oui oui, c'est sa façon de dire "bah oui je veux" mais on parle de Riku. Avouer clairement ce genre de chose, ce n'est pas simple pour elle même en ce moment. Et puis,  elle n'a pas oublié ce qu'elle a faillit faire un jour... Rien que d'y repenser, ses joue manquent de chauffer mais son plat arrive pile à temps pour éviter la catastrophe ! Sauvée par... Mais qu'est-ce que ?! Riku observe son plat, les yeux ronds. Puis elle ne peut retenir un rire. Vraiment, elle ne peut pas s'en empêcher.
Alors elle sort son portable de sa poche pour prendre une petite photo.

« Comme ça à chaque fois que je serais triste ou en colère, je regarderais cette photo. »

Ou comment dire que ça fait du bien de rire. C'est tellement bête comme truc mais ça fonctionne, en tout cas sur Riku.

« Merci ! »

Elle range son portable et commence doucement à manger. L'odeur et ce petit instant découverte du plat lui a ouvert l'appétit. Pas au point de manger de buffle mais assez pour réussir à finir cette assiette en fin de compte.

« C'est bon ! Tu as bien épicé. Tu me feras à manger plus souvent. » Dit-elle avec un sourire amusé.

L'ambiance est déjà un peu plus légère. C'est toujours dur mais disons que Riku tient le choc, l'oublie un peu pendant un moment.

« Hm mais... Tu as quelqu'un pour s'occuper de Brownie et Rainbow ce soir ? »

Oui elle vient seulement de percuter.

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« Oui ! »

Aussitôt dit, aussitôt fait : Riku envoie l'image à Nolan et verrouille son portable avant de commencer à manger. Elle doit bien l'avouer, il s'en sort plutôt bien et a su retenir ses goûts, à savoir qu'elle avait une préférence pour les plats épicés.

« Je suis sûre que tu apprendras mieux que moi. »

Parce qu'on parle quand même de Riku. À l'heure actuelle, ce n'est pas elle qui aura la patience de faire tout un tas de bons petits plats. En revanche, elle peut avoir une très bonne mémoire quand elle veut et penser à certaines choses. Comme les cochons d'Inde de Nolan, par exemple. Et heureusement qu'elle y pense d'ailleurs, sinon il était parti pour s'alarmer en plein milieu de la nuit.

« De rien. »

Elle sourit doucement, réfléchit à la question de son ami.

« Je... Je ne sais pas. Je n'avais pas prévu quelque chose de particulier. »

Forcément. Elle savait que Lizzy devait partir mais si même elle était restée, à part discuter un peu et profiter de ses bras, elle n'aurait pas fait grand chose. Enfin, si, elle serait restée avec son père, ou plutôt c'est lui qui serait resté avec elle.
Et quand on parle du loup...
Le concerné pénètre dans la pièce, le regard presque vide, les traits tirés par la fatigue.

« Je suis désolé de vous interrompre, je ne savais pas que nous avions un nouvel invité. Bonjour jeune homme. Tu dois être Nolan, je me trompe ? »

Sa voix n'était pas agressive. L'homme est calme et salue très poliment Nolan.

« Dis papa, est-ce que... Il peut rester dormir ici cette nuit ? Dans la chambre où était Lizzy. »

Le père de famille observe sa fille un instant. En temps normal, il aurait peut-être refusé. Difficile à dire pour Riku. Si tout avait été différent... Mais vu les circonstances, le refus n'est pas une option envisageable pour lui. Il en a déjà entendu du bien, sait que si sa fille le demande, c'est qu'elle en a besoin. Et puis, question de confiance.

« Il peut oui. »

Pas besoin de mettre les deux adolescents en garde.
Il sourit enfin. Un sourire discret et triste.

« Je vais sortir un moment. Je reviens ce soir. Je vais en profiter pour faire des courses. Envoie moi un message si quelqu'un a besoin de quoi que ce soit.»

La blonde hoche la tête.
L'homme tente, un peu maladroitement, de passer sa main dans les cheveux de sa fille. Riku le laisse faire, encore un peu perdue face à un tel changement de comportement. Mais elle sourit tout de même à son père, attrape même sa main afin de la serrer dans la sienne, l'espace d'un instant. L'homme salue une fois de plus Nolan avant de disparaître, laissant les deux adolescents seuls. Riku, qui a finit son repas, joint les mains d'un air satisfait.

« Ça redonne de l'énergie. Euh... Pour revenir à ta question, on peut peut-être aller se promener dans Kyoto ? Je pourrais te faire visiter si tu veux. Enfin, si tu ne connais pas déjà. On peut en profiter pour aller promener les chiens. »

Admettons. Comme s'il allait ignorer ce qu'il vient de voir !

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Nombreuses sont les circonstances dans lesquelles les deux hommes auraient pu (et surtout, auraient dû) se rencontrer. Mais se croiser "par hasard" dans cette maison en deuil n'en faisait pas partie. Non seulement parce qu'Abi n'aurait jamais dû s'en aller (pas pour Riku) mais également parce que la jeune fille ne croyait plus en l'amour de son père et donc en son intérêt pour sa petite personne, ainsi que son entourage. C'est bien pour cette raison que son geste l'avait mise légèrement mal à l'aise, n'y étant pas habituée. Et puis, le fait qu'il ait si facilement accepté la présence d'un garçon pour la nuit, entre ses quatre murs, était davantage surprenant pour la blonde qui, en essayant de ne pas trop le montrer, cherchant à comprendre. Mais elle n'avait pas à se plaindre au final et c'est donc de meilleure humeur (en quelque sorte) qu'elle finit son repas une fois de nouveau seule avec Nolan.

« Parfait. Je dois juste me changer avant. Je vais te montrer où tu vas dormir cette nuit par la même occasion. »

Mais avant cela, la blonde se lève et rejoint son ami afin de terminer le travail. Si elle aime qu'on le traite comme une princesse de temps en temps, il y a des limites tout de même.

« Je... Je ne sais pas trop. Oui ? Enfin... »

Elle fronce légèrement les sourcils. C'est une question difficile pour elle. Elle a du mal à comprendre et il faut dire qu'avec ce qu'il s'est passé, enquêter n'a pas été sa priorité. Elle s'est juste laissée faire. Peut-être même qu'elle en a profité un peu, inconsciemment.

« Il passe beaucoup de temps avec moi depuis le décès de maman. Je ne sais pas si c'est l'émotion ou si c'est pour... autre chose. Je suppose que j'y verrais plus clair une fois le choc passé. Je n'ai pas vraiment envie de lui poser la question pour le moment. »

La vaisselle terminée, Riku accompagne Nolan jusqu'à sa chambre, située près de la sienne. Elle en profite pour lui montrer où se trouve la salle de bain et les toilettes, juste au cas où il en aurait besoin, notamment pendant la nuit. Puis elle file se changer dans sa chambre, laissant son ami s'installer tranquillement, avant de revenir le chercher.

Laisses en main, les deux adolescents se rendirent à l'extérieur où les chiens ne tardèrent pas à arriver. Deux Akitas.

« Je te présente Aki et Miya. Ce sont des femelles. » Dit-elle en les lui montrant l'un après l'autre. « Ce sont toutes les deux des surexcitées. »

Et de fait, elles leur font une véritable fête, en particulier à Riku mais ça n'a rien d'étonnant.

« Tu veux promener laquelle ? Je te rassure, elles sont assez calmes en balade et obéissante. Cela dit, Miya reste plus posée. »

Une fois que Nolan a fait son choix, les deux adolescents purent enfin quitter la grande demeure des Haruka afin de se rendre en ville. En commençant par une petite virée au parc afin de laisser les deux bêtes profiter de leur balade.

« Sinon, rien de palpitant à me raconter concernant ces derniers jours à l'école ? »

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Elle ne dit rien, perdue dans ses pensées tournées vers sa mère et son père. Que le temps passe, hein... ? Elle n'en est pas certaine. Tout ce qu'elle voit et comprend, c'est qu'il est ainsi depuis que sa mère s'en est allée. Autrement dit, il a fallut que sa mère meurt pour qu'il lui montre un peu de considération, qu'il tente de l'approcher avec toute la maladresse de l'univers. Elle ne sait même pas comment elle est censée le prendre... Car elle ne comprend toujours pas pour quelle raison il l'ignorait autant. Était-ce elle ? Sa mère ? Lui-même ? Autre chose ? Riku se sent perdue, plus que jamais. La réalité l'a rattrapée et si elle a eut des réponses concernant certaines choses, elles n'ont fait qu'amener d'autres questions.

La vaisselle terminée et le sac de Nolan posé dans sa chambre d'une nuit, Riku emmène ce dernier à l'extérieur afin qu'ils puissent faire connaissance avec les chiens. Si elles semblent être en pleine forme aujourd'hui, elles étaient beaucoup plus calmes les jours précédent, comme si elles avaient senti que quelque chose n'allait pas. Miya avait d'ailleurs forcé le contact avec sa maîtresse plus d'une fois, grattant son bras pour l'interpeller et ensuite poser son museau contre elle. Aki  elle, avait tenté plus d'une fois de lécher son visage...Chose que Riku a laissé faire, pour une fois.

« Génial, c'est à qui va tirer le plus fort ! » Dit-elle en essayant de retrouver un semblant d'entrain, ce qui est bien plus facile lorsqu'elle n'est pas seule.

Une fois dans le parc, les deux jeunes laissent les chiens se défouler un peu, Riku ayant parfaitement confiance en ces braves bêtes qu'elle sait bien dressées.
À la réponse du jeune homme, la blonde hausse un sourcil, mécontente. Pas trop quand même ; elle doit garder des forces pour d'autres choses que sa colère, même si la vision d'un imbécile s'en prenant à des animaux l'énerve.

« Tu me le montreras à mon retour à l'école. J'irai lui apprendre les bonnes manières en relâchant ma frustration sur lui ! »

Un peu plus sérieuse, Riku s'étonne tout de même que ce soit à Nolan de bouger. Après, peut-être que ceux ayant des animaux sont plus en tort que ceux qui sont violents avec eux (même si ce n'est qu'un peu) aux yeux de l'école.

« Du moment que tu es bien dans ta nouvelle chambre et que ton coloc est sympa, c'est le principal. »

Tout en continuant de marcher, le regard rivé sur les chiens qui font des aller-retours  entre eux et un point invisible, elle s'inquiète un peu. Sans oublier sa curiosité naturelle qui revient au galop.

« Ah bon ? Pourquoi, tu es fatigué ? »

Ouais bon, c'est Riku. Elle est maligne mais pas toujours. 

« Qu'est-ce qui se passe ? » demande-t-elle, le regard inquiet. « T'es pas en train de me cacher quelque chose, rassure-moi ?! »

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Ils avaient plutôt intérêt à le mettre avec un bon colocataire cette fois. Non parce que ces personnes qui ne savent pas être honnêtes l'ennuient au plus haut point ; si la présence d'un animal les dérange, autant le dire directement. Ça épargnerait plein de problèmes facilement évitables, dont se faire passer pour un pauvre type complètement fini. Riku n'a jamais compris ni même apprécié les hypocrites, en tout cas quand ça se voit qu'ils le sont. S'ils savent bien  jouer la comédie, grand bien leur fasse... Mais dès l'instant où ils se trahissent, c'est finit pour la blonde.

Le sujet est toutefois rapidement abandonné pour parler de quelque chose de plus sérieux : l'état de Nolan. Riku ne se cache pas de grand chose, et l'intérêt qu'elle porte à ses proches en fait parti... Tout comme le fait qu'elle va leur dire de prendre soin d'eux alors qu'elle va parfois négliger sa propre santé. Elle assume parfaitement ce petit côté "fais ce que je dis, pas ce que je fais". Alors oui, elle ne le lâchera pas tant qu'il ne lui aura pas donné une réponse claire et ça, il doit très bien le savoir. Mais si elle s'était attendu à cette réponse... Enfin, elle aurait dû, mais quand même ? Bon ok, le premier aveux n'est pas si surprenant en réalité. Mais le second ?
Il fait un peu chaud, non ?

Riku ne sait pas trop quoi dire sur le moment, complètement prise au dépourvu. Ok, c'était vraiment stupide de ne pas y avoir pensé... Mais bon, elle est blonde : il faut parfois du temps pour que certaines informations arrivent à son cerveau troué de partout !
Ok ok, c'est... Elle doit y échapper. Elle doit..

« T'es vraiment en train de flirter avec moi maintenant ?! »

Elle hausse un sourcil, l'air légèrement sévère. C'est une façon de se refroidir comme une autre. Mais rapidement, elle retrouve son doux sourire, referme sa main sur celle de Nolan.

« Merci... Et désolée, je ne voulais pas t'inquiéter. J'aurai dû te prévenir plus tôt... »

Oui, elle aurait vraiment dû. C'en est presque gênant. Une grande inspiration et c'est reparti !

« Avant de rentrer une fois notre visite terminée, ça te dit d'aller manger une glace ? J'ai envie d'une grosse glace au chocolat.  »

Son amour pour le chocolat. Un trait qu'elle tient définitivement de sa mère.

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Si les circonstances avaient été différentes, Riku en aurait sûrement rajouté davantage. C'est même certain. La blonde a toujours été du genre taquine et Nolan est loin de faire exception. Le mettre mal à l'aise, le faire rougir, c'est presque devenu un petit plaisir coupable, en quelque sorte. C'est assez ironique quand on remarque à quel point le rouge peut rapidement monter aux joues de la lycéenne ces derniers temps. D'ailleurs, si ce n'est pas le cas actuellement, c'est uniquement parce qu'elles n'a pas pris la peine de réfléchir à la signification de son geste, à sa main qui s'accroche à celle de Nolan comme si c'était l'unique chose qui lui permettait de ne pas sombrer dans de bien tristes pensées.

« Normal, c'est moi qui l'ai eu ! » Dit-elle d'un air faussement arrogant.

Ils se promènent encore un moment, avant de se rendre chez un excellent glacier que la jeune Haruka connaît bien grâce à sa mère. Évidement, elle demande une bonne grosse glace au chocolat avec chantilly et granulés de chocolats. Parce qu'autant aller jusqu'au bout !

« C'est le meilleur glacier de la ville ! » Elle sourit à pleine dent.

Une nouvelle bouchée, puis Nolan reprend la parole. La blonde relève la tête, observe son ami, puis la cuillère qu'il lui tend. Un nouveau sourire vient étirer ses lèvres, et elle place ses deux mains sur la table, penche son corps vers l'avant afin de mettre la cuillère dans sa bouche.

« C'est vrai que c'est bon, surtout celle au caramel ! »

Ah ça, elle préfère largement le caramel à la pistache, ce qui n'est pas nouveau.
Ils restent là un moment, à discuter de petites futilités, les chiens tranquillement couchés à leurs pieds. Puis ils reprennent la route. Riku en profite pour montrer différents endroit à son ami, tout en veillant sur Aki et Miya qui semblaient plus qu'heureux. Aki revenait même parfois en courant, sautant sur Nolan au passage. Visiblement, elle l'aime bien.

De retour à la maison, les deux adolescents ont été accueillis par le reste de la famille, exception faite de Soren qui n'aura pointé le bout de son nez que pour le repas du soir. Riku observait les échanges avec attention, notamment ceux entre sa tante (la jumelle de sa mère) et Nolan. Car s'il y en a bien une qui peut être pire que sa mère, c'est bien elle ! Heureusement, malgré quelques taquineries et avertissements à peine voilés, le brun semble s'en être plutôt bien sorti.

Après ce petit moment bien chaleureux, Riku accompagne Nolan jusque dans sa chambre, afin de veiller à ce qu'il ne manque de rien.

« Je vais aller me laver. Tu veux y aller après ? Je vais te préparer des serviettes. »

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C'est étrange comme sensation. Elle est dévastée, donnerait son âme pour revenir dans le passé et sauver sa mère... Pour avoir le droit de vie ou de mort. Elle n'était pas prête, Riku, et elle ne l'aurait sans doute jamais été. Pourtant, elle arrive à sourire un peu, à profiter de sa famille malgré le malheur qui les frappent. C'est un moment de sérénité pendant lequel ils semblent oublier, ne plus rien ressentir. Le genre de moment dont elle avait bien besoin. Elle est bien entourée, et ravie de constater que chacun fait un pas vers Nolan, à sa façon.

Le repas terminé, Riku guide son ami jusqu'à sa chambre avant de se rendre dans la salle de bain. Une bonne petite douche ne lui fera pas de mal ; ses muscles se détendent aussitôt, le temps se fige. Elle ne pense à rien et ça lui fait le plus grand bien.

Douche terminée, la jeune Haruka prépare des serviettes pour Nolan, comme prévu, avant d'aller le chercher, simplement vêtue de son peignoir. Ça ne la gêne pas, tellement pas qu'elle ne prête même pas attention aux joues rouges du brun, lui parle comme si de rien n'était. Hé, ce n'est pas comme si elle était vêtue d'une des magnifiques "tenues" qu'il lui a offert durant leur dernier voyages scolaire, voyons !

Riku reste là un moment, attend patiemment. Elle a envie de passer encore un peu de temps ici, avec Nolan. Au cours de ces derniers jours, elle n'est quasiment pas restée seule une seule fois, sauf pour de courts instants. Elle n'est pas encore prête à passer la soirée seule. Alors ça la rassure quand Nolan revient dans la chambre, vêtu de propres vêtements qu'on a accepté de lui prêter, visiblement partant pour rester encore un peu avec elle.

« Un film d'horreur c'est pas mal ! » autant elle peut aimer les comédies, autant elle n'est pas trop d'humeur à en regardant une ce soit. « Je vais chercher mon ordi. »

Elle s'exécute et revient après moins de deux minutes avec le nécessaire.
Les deux adolescents prennent un moment à choisir leur film mais cela fait, Riku s'installe auprès de son ami, l'ordinateur placé entre eux. Se rapprocher de Nolan ? Et puis quoi encore ? L'idée même la gêne étrangement, maintenant qu'ils sont installés dans le même lit.

« Ne me saute pas dessus hein. Je te rappelle que ce n'est pas réel ! » Dit-elle sur un ton taquin.

(...) Les minutes défilent. Garder les yeux ouverts est de plus en plus compliqué. Quelques secondes devraient suffire. Juste quelques secondes.
Et les secondes deviennent des heures.

Always in your heart

Feat Nolan le Lidec

Elle est finie, ko, incapable de garder les yeux ouverts. Ces derniers jours ont été chargés en émotions et en activités, de quoi grandement fatiguer la blonde qui n'a pas l'habitude de ce genre d'épreuve. Elle peut passer des heures à se dépenser au kendo, des autres à malmener son corps à la gym ou à la danse... Ce n'est rien comparés à ce qu'elle vient de vivre. Pas étonnant qu'elle se soit endormie aussi facilement. Le néant.

À son réveil, Riku est d'ailleurs totalement perdue. Elle met du temps à comprendre ce qui lui est arrivé, à reconnaître sa propre chambre. Alors quand elle réalise enfin, elle se rappelle d'un autre détail, comprend autre chose : elle ne s'est pas endormie ici ! On l'y a emmenée. Nolan ? Elle ne voit pas d'autres solutions. C'est terrible ! Il a dû la voir baver ! Parler ! Gesticuler comme un asticot ! La honte ! Elle secoue la tête pour ne plus y penser, sort du lit pour aller se préparer. Vu l'heure, tout le monde doit déjà être réveillé voir levé.

Et c'est bien le cas. C'est elle la Laide au bois dormant du jour ! Merveilleux. Riku salue tout le monde, prend son frère dans ses bras avant de prendre place aux côtés de son ami. Elle hésite un peu, nerveuse, puis se penche discrètement vers lui pendant que tout le monde s'occupe de ses affaires.

« Merci pour hier. »

Oui... s'ils avaient dormi dans la même chambre... dans le même lit... non elle n'ose même pas y penser ! Il fait chaud, non ?!

Le petit-déjeuner est agréable, préparé par les soins de sa tante. L'ambiance est plus légère, car ils n'ont pas le choix. Une nouvelle semaine va commence d'ici moins de 24h et ils devront tous retourner peu à peu à leur quotidien. Riku ne pourra pas faire exception et son oncle compte bien s'en assurer : comme il fallait s'y attendre, c'est lui qui ramènera les deux jeunes sur le campus dans l'après-midi, début soirée.

La vie continue pour Riku, épargnée par la maladie...