[Oedo Onsen Monogatari] Entre vapeur et chaleur

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Moi, j'suis dans mon élément. Tout ce qui est matsuri, j'adore. J'suis aussi attiré par les onsens évidemment mais c'est quand même mieux avec le côté festivalier. J'étais avec mes gars puis je les ai perdu en route. J'ai tellement pas l'habitude rester au même endroit que j'ai sûrement paumé mes potes à un stand chelou. D'ailleurs, y'avait un stand de masque et j'ai pas hésité, j'ai pris un super masque de kitsune rouge. J'en ai aussi pris un autre style tengu pour Ryû. C'est à ce moment-là que j'ai dû m'égarer...

J'me retrouve seul mais c'est pas vraiment la joie. Au moment où j'cogite sur quoi faire, j'entends qu'on m'appelle. Et cette voix, j'la connais. Je souris en voyant Tessa. Elle est super mignonne dans son yukata rose, heureusement que j'sais qu'elle a des sous-vêtements en dessous parce que j'pourrais imaginer des trucs bizarres. Je la salue avec un signe de la main. Je l'ai déjà croisée de temps à autres et j'savais qu'elle était du voyage mais on a pas vraiment eu l'occasion de se reparler depuis.

« J'me suis perdu, j'étais avec mes potes mais là j'crois que pour les retrouver ça va être dur. Et toi ? Milan est pas avec toi ? »

Je le cherche vaguement des yeux pour confirmer. C'pas que j'les pense en couple mais bon, étant donné que je partage ma chambre avec Milan, j'ai remarqué quand même qu'ils se squattaient vachement. Je prends les devants parce que si elle est seule, c'est chiant pour elle. En plus, y'a un endroit où j'veux aller mais tout seul ça fait trop tiep !

« Ça te dit d'aller au parcours là-bas, au bassin des pieds ? »

Mais quand mon regard croise le sien, ma confiance s'efface. Comment j'peux demander un truc comme ça alors que j'ai Meyuki ! Ça se fait pas de demander ça à une fille, j'devrais vraiment retourner chercher les potos ! J'suis déjà un pied en arrière pour me tailler.

« Enfin, j'veux dire, si... si t'as pas envie c'est pas grave hein. »

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Oh non, elle a dit oui. J'fais quoi ? J'la rembarre avant de me barrer ? Non, ça se fait encore moins que de me balader avec elle. J'dois assumer ! J'peux pas vraiment mal prendre son enthousiasme, ça me donne envie d'y aller. J'hoche la tête avec ce qu'elle dit. C'est pour ça que je veux tenter ! J'ajoute rien sur le fait de la rattraper, je me gratte juste la tête en souriant en coin, nerveusement. J'sais pas trop si j'en serais capable.

Pendant qu'on va jusqu'au parcours, je remarque qu'elle est vraiment très zen. J'trouve ça assez atypique. Normalement, les étrangers ont du mal avec les onsens. Le concept de la pudeur ici est pas très occidental, ça déroute facilement ceux qui ont jamais connu les onsens. 'Suffit de regarder parmi nos camarades gaijins, ça leur viendrait jamais à l'esprit d'aller dans la partie des bassins où on se baigne complètement.

« T'as déjà été aux onsens ? T'es vachement détendue. »

J'ose pas dire que moi-même, ça me gêne parfois les onsens. Pas que ça me dérange d'être nu avec des inconnus ou quoi, c'est plutôt quand j'imagine les femmes de l'autre côté ou un bassin mixte sans contraintes... ahem, mais c'est une autre histoire.

On entre dans un début de couloir. Je regarde la pancarte. Je pointe du doigt vaguement.

« Ok, c'est par là. »

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Comme elle me dit qu'elle a déjà été aux onsens, ça explique pas mal de choses. Mais c'qui suit m'étonne vachement et m'interpelle grave. Une première expérience comme ça, tu m'étonnes que ça doit bien mettre à l'épreuve. Elle est parée à tout ! J'suis interloqué et du coup j'ai envie d'en savoir plus. Même si c'est le type d'accident qui arrive parfois avec les non-initiés, j'ai jamais connu ça personnellement.

« Ah bon ? Et t'as réagi comment ? Du bouche-à-bouche ? »

Je souris et je lâche un rire un peu mesquin, coquin.

Je poursuis ensuite la conversation, en réfléchissant, les yeux levés.

« J'y vais pas tant que ça, mon frangin n'aime pas trop les onsens et j'me vois pas y aller seul. Sinon moi j'aime bien, c'est cool. »

Côté conviction, y'a mieux mais bon. J'reste un fervent adepte de la tradition nippone après tout. On arrive au parcours. Je vois Tessa retirer ses sandales alors je fais de même. Y'a un ponton à passer d'abord, on y va. Puis devant le début du bassin, j'vois mal les cailloux parsemés dans le fond. J'devine juste qu'il y en a, quoi. En tout cas, à en juger la hauteur de l'eau, 'faut relever nos yukatas. J'agrippe le bas de mon yukata avec mes deux mains et je tire jusqu'aux genoux.

J'y vais en premier, tout hésitant. Je pose le pied. Et mon pied, franchement, j'crois qu'il touche un caillou super raide qui me tord la plante du peton ! Et l'autre pied fait pas mieux. Je m'arrête et j'avance au rythme de mon grand-père sur mes premiers pas. La gueule que j'dois tirer en ce moment... j'arrive pas à contenir un peu de soupir de douleurs là.

« Aaahhh... sssssh... »

J'me retourne pour voir si Tessa y arrive.

« Ouah, ça tue ! »

J'reste ambigu et je souris nerveusement sous l'effet de la douleur plantaire...

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C'est supposé masser les pieds ça ? Moi j'sens qu'une douleur atroce, ça a probablement touché un point d'entrée, voire plusieurs, de mon chakra ou j'sais pas quoi là, vu comment ça m'taille et ça m'lance. J'peux pas m'empêcher de gémir à chaque pas que je mène. J'regarde derrière moi et vers Tessa, c'pas glorieux non plus. Ce qu'elle me dit et comment elle me le dit, au bout de sa vie, me fait sourire puis rire. J'ai le même désespoir du bout des pieds. On s'inflige un de ces trucs quand même. J'rembobine mes pas jusqu'à Tessa, j'suis maladroit, j'donne l'impression de marcher sur un fil en équilibriste tellement, bah, mon équilibre est à ch*er. J'balance de droite à gauche en essayant de pas me prendre un caillou là où il faudrait pas. J'me dépêche, en fait, donc ça m'fait libérer des râles de douleurs : du « Aïe », « Outch », « Aaaargh », « Uwaahhh » ! Le disque d'or du maso de l'année.

« OK ! Ok, on-. Viens on se pose un coup. »

Là ça veut dire que j'en peux plus. J'lui fais signe de la main pour qu'elle me suive et j'me dirige vers les bords du parcours. Là je m'assois sur le rebord. Ou plutôt je m'ÉCROULE sur le rebord. Je laisse juste mes pieds tremper. Le soupir que j'pousse à la fin de la torture.

« J'devais vraiment être crispé des pieds pour que ça m'tue autant... »

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J'ai encore un peu de douleur sur la plante des pieds mais ça s'estompe tranquillement. Le fait d'avoir les pieds dans l'eau soulage vite, j'présume. Malgré moi, je pousse un soupir d'apaisement, en me penchant vers l'arrière, les mains derrière moi. J'effleure un bout de son kimono du bout de mes doigts et ça me fait presque sursauter, enfin, j'réagis quoi. Je me crispe un peu et j'ai ce geste de recul instinctif. Mais... on est pas un peu super proches là ? Y'a quoi... 20 ou 30 centimètres seulement entre nous ! Nos épaules se touchent presque ! Purée, j'me sens pas bien tout à coup, je sue. Alors elle m'raconte des trucs mais j'ai écouté que dalle. J'crois qu'elle veut qu'on sorte mais on a pas fini le parcours.

« Non, bah non. On peut aller jusqu'au bout je suis sûr ! »

J'ouvre la marche et je me lève en prenant toute la foi qui m'reste, j'encourage Tessa à faire de même puisque, bah, j'me suis retourné vers elle pour lui sourire, lui indiquer que c'est pas si pire si j'arrive encore à garder la face. Le sensation des cailloux sous le pied... aïe j'la sens d'jà m'arracher toute ma vigueur mais j'tiens bon. Je fais deux pas en avant.

Et là... j'me trouve vachement goujat de la laisser derrière moi. Je devrais pas plutôt l'attendre et avancer au même rythme qu'elle pour pas que ce soit vil ? Pouah, j'sais pas. C'est une super pote à Meyuki, j'veux pas qu'elle ait une trop mauvaise image de moi et puis Meyuki, qu'est-ce qu'elle dirait si elle savait que j'attends pas sa bestie sur un parcours de sadique où j'l'ai forcé à s'aventurer ? Mais d'un côté, j'devrais agir comment ? Tous ces dilemmes, je jure que j'suis parano dans le fond. Je tremble un peu mais je décide de faire un effort. UNE DINGUERIE MÊME.

Je... je... je-je tends la main vers Tessa. Oui bon je fais pas d'infidélité à Meyuki, je veux juste aider Tessa et être diligent.

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Quand je la vois tendre sa main vers la mienne, j'me fige mais ma main seule tremble comme si j'avais parkinson, wow. Puis quand elle m'attrape la main, que nos paumes se touchent, j'fais pression mentale pour calmer le tremblement. 'Faut que j'fasse le vide dans ma tête, que j'pense à rien. Je tire doucement vers moi et je commence à avancer, la guide vers là où je vais. C'est assez maladroit mais on progresse bien, sauf à un moment où j'marche sur un caillou super gros, pile dans ma plante du pied, qui m'fait avoir un frisson de douleur intense. Je jure que ce parcours aura ma mort ! Sans le vouloir, j'ai serré trop fort la main de Tessa sur le coup et en réalisant que j'peux lui faire mal, je panique. Et là. Je gaffe. Je m'emmêle dans mes pieds, j'pose mon autre pied sur un autre caillou, en essayant de faire un pas en avant, mais ça m'tue, ouah ! Du coup j'ai bougé l'autre pied précipitamment mais là pareil la plante de mon peton tombe sur un autre caillou bien taillé !! J'vais mourir, sérieux ! Je commence à perdre mon équilibre tout de suite après et comme je tiens super fort la main de Tessa (que j'arrive pas à relâcher à cause de la douleur qui m'force à m'agripper à c'que je peux, instinctivement) bah je la ramène avec moi. Je chute comme si j'avais un boulet aux chevilles ! J'me ramasse sur les côtés du parcours mais j'ai les genoux tout immergés et le bas du kimono tout trempé. Clairement, j'suis vautré assis dans le bassin. Y'a que le haut qui ressort. Dans ma c*nnerie, j'ai eu le réflexe de me retourner pour que Tessa me tombe dessus et pas qu'elle se cogne sur les rebords du bassin quoi. Mais du coup c'est moi qui ai pris et on a quand même l'air de deux cons à moitié échoués là.

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Je suis forcément possédé par un esprit vengeur ou alors j'ai marché sur un caillou qui renferme un esprit maléfique parce que j'peux pas expliquer autrement cette succession de maladresses, d'un seul coup ! Je me suis figé quand la douleur a vaguement laissé sa place à l'embarras... J'ose pas bouger quand je sens que Tessa est contre moi. Heureusement, elle s'est rapidement écartée de moi mais je suis resté écroulé, le temps de me remettre de la honte. Quoique je m'en remets pas, même si je dis le contraire.

« Non, ça... va... »

J'suis tombé durement, aie. Mes gémissements de douleur, spontanés, et ma grimace ne mentent pas. Je me traine hors du bassin par la force de mes avant-bras parce que tout le reste de mon corps est momentanément engourdi. Je me tiens assis sur le rebord du bassin, hors de l'eau. J'ai pris la flotte jusque dans mon sous-vêtement. Je peux pas m'empêcher de me demander si Tessa aussi est trempée, je la regarde furtivement et quand je vois que son kimono est mouillé... j'commence à dérailler sévère. Je fuis du regard aussitôt avant de croire que j'vais voir quelque chose à travers son kimono ! ÇA DOIT MOULER MAINTENANT ! Je commence à m'écrier et à me cacher les yeux avec un revers de mains, en me retournant et tout, comme si j'ouvrais le vestiaire des filles par inadvertance !

« Désolé ! J'suis vraiment maladroit ! »

Je retire mon sur-kimono et je lui tends à bout de bras pour qu'elle se couvre avec, pendant que j'ai encore la tête tournée. JE PEUX PAS LA REGARDER SANS IMAGINER CE QUE JE DEVRAIS PAS M'IMAGINER !

« T-tiens, c'est pour cacher... »

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J'ouvre un œil discret, est-ce qu'elle s'est cachée ? Bon ok, ça a l'air plus décent. Je respire mieux. Je chasse toutes les idées de barjot à temps ! Après elle me parle de l'état des kimonos. Même si c'est trempé, tant qu'on voit pas au travers, c'est correct. Moi en tout cas ça me dérange pas et puis louer des kimonos ça coûte dans le budget.

« Bof, non... » que j'dis hésitant.

Je sors du bassin, en trichant sur les côtés. J'ai encore des crampes qui me lancent mais ça va.

« Tu viens ? J'ai envie d'essayer le bassin des poissons là-bas. T'en as déjà entendu parler ? C'est thérapeutique ça, euh... ça enlève les peaux mortes des pieds.... ce qu'on a besoin non ? Vu ce qu'on a traversé ! »

J'ris nerveusement mais ça m'fait vraiment rire. Puis on y va, et j'marche comme un canard parce que j'ai mal.

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Le bassin des petits poisson est en intérieur, en fait le principe c'est de s'asseoir sur les bords, les petons dans la flotte et d'attendre que les poissons viennent. Donc je me lance sans appréhension. C'est pas des piranhas de toute façon. Nous poser un coup nous soulagera après l'épreuve qu'on vient de travers, genre traverser littéralement. J'sens encore la caillasse me tailler la forme du pied. Je remue doucement mes pieds dans l'eau au début, j'vois les poissons qui se tâtent ('fin ça a l'air de se tâter à me grignoter les pieds). Puis je m'arrête et ils viennent naturellement.

Les premiers contacts me tirent quelques frissons parce que le chatouillement ça fait bizarre comme effet. Mais c'est pas désagréable. J'suis agréablement surpris tiens et ça m'amuse, ça doit se voir sur mon visage.

« Viens t'assoir, ça chatouille juste un peu. »

J'me cale bien tranquilou, les mains posées en arrière, je m'étire et je tends même les jambes en long. Et là, j'sais pas, j'me sens en paix avec moi-même. Me faire picorer les pieds par des poissons, ça me purifie on dirait. Ok. J'peux pas m'empêcher pousser un soupir et de faire remarquer la zénitude à Tessa.

« C'est tellement paisible ici, rien à voir avec la route de la torture. »

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C'est sûr que le côté reposant et tranquille doit être pensé exprès, en général le onsen est fait pour se détendre, mis à part la torture sur des chemins sinueux pavés d'enfer. Mais la plénitude du lieu me fait presque planer et somnoler avec les vapeurs d'eau. J'crois que ça doit être pareil avec Tessa, parce qu'on se dit pas grand chose, on est juste là à se faire boustifailler les petons au calme. Et on est bien, quoi. Mes manches de kimono sont un peu trempées, j'me fais un lien tasuki pour les garder nouées en hauteur. Puis au bout d'un moment, les poissons s'éloignent de nous et arrêtent de nous picorer les pieds, ça nous tourne autour, sans plus. C'est signe que le festin est fini, j'suppose. J'dis à Tessa qu'on ferait mieux de s'en aller du coup. J'ai un peu moins mal aux pieds en tout cas. Tessa s'en va essayer de chercher Milan et de mon côté, 'faut que je retrouve les gars. Donc on se sépare simplement. Sauf que, j'ai complètement zappé de lui reprendre mon haori ! Et elle est déjà partie à travers la foule. J'dois pas oublier d'aller lui reprendre à la sortie. J'mets un petit moment à recroiser le groupe en attendant, puis finalement, mon haori me sort complètement de la tête quand j'les retrouve. Finalement, quand on doit rentrer à l'hôtel, Tessa me refile mon haori dans le bus. Heureusement qu'elle y a pensé ! Elle l'a bien plié et tout, c'est là que j'réalise que j'ai prêté mon haori à une fille soigneuse. J'me demande si... si... si ça sent son odeur, son parfum ou quoi... A-alors j'sais bien qu'elle a noué autour de sa taille, m-mais ça prend juste comme ça et discrètement, j'peux pas m'empêcher de sentir. MAIS JUSTE UN PEU OK. ET ÇA SENTAIT RIEN DE PARTICULIER DONC ÇA VA HEIN !